**
Rappelons-nous du film de 1987 Le Ventre de l’architecte de Peter Greenaway, dans lequel le réalisateur anglais oppose pertinemment le ventre gonflé et stérile d’un architecte, fasciné par les projets utopiques d’Étienne Louis Boullée, au ventre rond et fertile de sa jeune femme enceinte… À travers ce filtre, les coupoles du Panthéon romain, de la basilique Sainte-Sophie ou du Saint-Pierre de Michel-Ange se révèlent comme autant de ventres glacés et morbides conçus pour abriter des foules par des hommes incapables d’enfanter…
Les espaces sous les coupoles répondent à la volonté de fuir le réel pour retrouver l’espace maternel d’avant la naissance. Ils sont souvent associés aux religions monothéistes ou aux pouvoirs totalitaires. Après une courte généalogie de ce dispositif orthopédique – allant de Mimar Sinan, l’architecte de Soliman le Magnifique, à Albert Speer, celui d’Adolf Hitler… – nous nous attarderons dans les espaces immersifs imaginés par Étienne Louis Boullée, Walter Gropius ou Jean Nouvel…
Après le ventre nous terminerons par le cerveau évoqué par ces boîtes crâniennes vides et démesurées dans lesquelles sont projetées ou mises en scène des représentations du monde, à l’instar de l’Universal Theater dessiné par Frederick Kiesler en 1961, du Louxor imaginé par Rem Koolhaas pour Rotterdam en 1996 ou de l’installation du Studio Muoto dans le Pavillon français pour la biennale de Venise en 2023…