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En 2021, l’industrie française représentait 19 % des émissions nationales de gaz à effet de serre, malgré une baisse depuis 2015. Pour accélérer cette réduction, l’Etat préconise de créer, d’ici 2030, 350 000 emplois dans sept secteurs, dont l’hydrogène, les bioénergies, l’éolien, l’électrification des procédés, le solaire, les CCUS et la géothermie. Ces secteurs en tension sont confrontés à une pénurie de talents en raison de la concurrence intersectorielle, d’un manque de communication sur les métiers et d’un manque de formations spécifiques. Porté par l’±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé PSL et, financé à hauteur de 4,5 M€ par France 2030, à hauteur de 7,5 M€ par des partenaires industriels, le projet « MEsurer, Réduire, CApter, STOcker les émissions industrielles de CO2  - MERCASTO », entend répondre à cet enjeu.

L’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et métiers d’avenir » a été lancé en décembre 2021 dans le cadre de France 2030 afin de contribuer de manière significative aux enjeux de réindustrialisation et de souveraineté de la France.

Piloté par Annie Colin, professeure à l’ESPCI Paris – PSL, MERCASTO permettra de déployer sur 5 ans au sein de l’université un programme de formation initiale et continue ainsi qu’un programme doctoral centré sur la mesure des impacts des gaz à effet de serre, la production des énergies renouvelables, les matériaux pour l’énergie, le recyclage des matériaux, la capture, le stockage, la valorisation du CO2.

Il repose sur 3 axes :

• attirer les étudiants vers ces métiers en tension ;
• répondre aux besoins de formation initiale et continue dans les domaines de l’analyse du cycle de vie, des matériaux pour la transition écologique, de l’électrochimie ;
• former une nouvelle génération de docteurs dans les domaines liés à la décarbonation pour combler le fossé entre l’enseignement et l’industrie et accélérer la décarbonation de l’industrie française.

3 questions à… Annie Colin, professeure à l’ESPCI Paris – PSL

La sobriété, l’éthique, la responsabilité sociétale et les analyses technico-commerciales seront des points-clés de la formation.

Pouvez-vous nous détailler en quoi consiste le projet MERCASTO et comment il pourrait aider l’industrie française à relever les grands défis de demain ?

Le projet MERCASTO est un projet systémique qui s’adresse aux collégiens, aux lycéens, aux étudiants à l’université, aux doctorants et à tout personnel cherchant à se former à la décarbonation de l’industrie.   Ce projet a été co-écrit avec un partenaire industriel Saint-Gobain, un Epic (l’IFPEN) et une start-up issue de PSL ENERGO. Il est soutenu par des grands groupes industriels tel Arkema, Syensqo, Vinci et par la fondation de Bill Gates « Breakthrough Energy ».  Il aidera l’industrie française en proposant des formations manquantes actuellement sur l’analyse du cycle de vie, les matériaux pour la décarbonation, la capture, le stockage et la valorisation du CO2. L’originalité de l’approche de MERCASTO est de coupler une formation théorique de haut niveau et la réalisation pratique de démonstrateurs. La sobriété, l’éthique, la responsabilité sociétale et les analyses technico-commerciales seront des points-clés de la formation.

Sur quelles technologies ou avancées majeures se base l’offre de formation élaborée par MERCASTO ? La formation est-elle conçue pour évoluer avec les progrès de la recherche, prévoit-elle notamment une proximité avec les laboratoires de recherche ?

La formation s’appuie sur les laboratoires et les grands programmes de PSL. MERCASTO formera 50 docteurs sur la thématique de la décarbonation dont 30 bourses financées par les industriels partenaires, 10 bourses financées par les grands projets PSL et 10 bourses financées par France 2030. Les avancées majeures des laboratoires de PSL dans le domaine de la décarbonation  concernent la capture (MOF ou enzymes), le stockage et la valorisation du CO2 (technologies plasma, technologie électrochimique), les batteries, la conception de nouveaux ciments, le recyclage des plastiques par catalyse enzymatique, l’hydrogène turquoise. MERCASTO s’appuiera sur toutes les forces de PSL et notamment les sciences humaines et sociales pour réfléchir à l’acceptabilité des solutions. MERCASTO développera une science ouverte en lien avec la société.

Comment le projet MERCASTO envisage-t-il de collaborer avec les entreprises pour être au plus près des besoins de l’industrie, et notamment des spécificités de l'industrie française ?

Le projet a été pensé avec des grands groupes industriels et des startups. Les syllabus des formations ont été co-écrits, les industriels participeront à la formation en donnant des cours.
Les industriels financeront 30 thèses sur la décarbonation : nouveaux ciments, membranes pour les batteries, recyclage des polymères, valorisation de la biomasse, capture stockage du CO2.
Un forum d’industriels sur la décarbonation sera mis en place tous les ans. Il permettra aux étudiants en thèse de présenter leurs travaux, aux étudiants en master et licence de présenter les démonstrateurs qu’ils auront développés dans le challenge de la décarbonation. Ce forum sera un rendez-vous important qui permettra de comprendre les aspirations du monde industriel et d’adapter nos formations.