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« Avec l’exposition Lumière sur les Femmes de Sciences, nous souhaitons montrer que la science est universelle et inciter les jeunes filles à se lancer dans cette voie »

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À la fois projet scientifique, artistique et de médiation, la future exposition Lumière sur les Femmes de Sciences permettra de partir à la découverte de 15 femmes scientifiques de disciplines et d’origines différentes.
L’objectif principal ? Visibiliser les femmes dans les sciences et inciter les jeunes filles à se lancer dans cette voie.
À l’origine de cette initiative, Lucie Cros en thèse d’astrophysique à l’ENS-PSL, Leïla Bessila en doctorat au CEA Paris-Saclay et Romane Cologni, doctorante à l’Observatoire de Paris-PSL. Dans un entretien, elles reviennent notamment sur la genèse de l’exposition et les raisons qui les ont motivées à lancer ce projet.

Portrait de femmes de sciences

Qu’est-ce qui vous a motivées toutes les trois à initier le projet d’exposition Lumière sur les Femmes de Sciences et à collaborer ensemble ?

Leïla Bessila : L’exposition est née très vite. À l’origine, c’est Lucie, alors dans le collectif , qui m’a parlé de leur idée de faire des portraits artistiques de femmes scientifiques de l’Observatoire de Paris - PSL pour la Journée internationale des femmes et des filles de science, qui a lieu le 11 février chaque année. Cela m’a tout de suite plu ! Ensemble, nous avons voulu voir plus grand et essayer de monter une exposition plus globale, mettant en avant des sciences différentes et une diversité de femmes. Romane a tout de suite été motivée pour rejoindre l’équipe. Nous sommes donc parties en quête de financements. Actuellement, l’̳ est notre plus grand soutien.

Lucie Cros : Il y a quelques années, j’ai lu le livre Trop belles pour le Nobel. Les femmes et la science de Nicolas Witkowski, qui parle de femmes de sciences oubliées - ou non. J’ai alors commencé à répertorier de nombreuses femmes de sciences, de toutes époques, origines, disciplines, dans l’espoir d’en faire un jour quelque chose. Puis, il y a quelques mois, Leïla me raconte autour d’un verre qu’en ce moment elle peint des portraits de femmes de science. Les pièces du puzzle se sont imbriquées ! J’avais participé avec Romane l’année précédente à , un projet de visibilisation de femmes astronomes de l’Observatoire de Paris - PSL, j’ai donc immédiatement pensé à elle pour rejoindre l’exposition.

Romane Cologni : La représentation des femmes dans les sciences est un sujet qui me touche beaucoup. J’avais déjà pris part, avec Lucie, à un projet qui vise à mettre en lumière les femmes astronomes ayant travaillé à l’Observatoire de Paris - PSL. Donc, quand elle et Leïla m’ont parlé d’une exposition sur des scientifiques d’origine et disciplines variées, cela m’a immédiatement parlé ! Je pense qu’il est crucial aujourd’hui de pluraliser et diversifier les représentations au sein de la recherche scientifique.

 

Comment avez-vous choisi les 15 grandes scientifiques que vous mettez à l’honneur dans cette exposition ?

Romane Cologni : Justement, cela a été très difficile de se décider sur la liste de ces 15 grandes scientifiques !
Notre sélection a changé plusieurs fois, à la lumière des échanges avec nos différents partenaires. L’objectif de cette sélection est double : représenter une grande variété de disciplines : botanique, mathématiques, chimie, astrophysique…, et montrer des femmes de toutes origines, et pas seulement des femmes blanches occidentales. Ce dernier point est important : pour inciter tout le monde à faire des sciences, il faut montrer des portraits différents, qui peuvent résonner avec la diversité du public que nous visons.

Leïla Bessila : Nous nous sommes rendu compte lors de la première sélection que nous avions beaucoup de scientifiques en biologie, plus féminisée que d’autres sciences considérées comme plus fondamentales, à l’instar des mathématiques et de la physique.
Nous avons donc rééquilibré en introduisant de nouvelles scientifiques. Enfin, il nous paraît important d’avoir l’accord des femmes que nous souhaitons représenter — pour celles qui sont encore vivantes. La Prix Nobel de physique de cette année, Anne L’Huillier, a récemment accepté de faire partie de l’exposition et nous en sommes très fières !

 

Cette exposition est jalonnée de nombreux événements, quels en seront les temps forts ?

Lucie Cros : Tout d’abord, nous avons participé à des évènements de “pré-exposition”, lors desquels sont mis en avant les premiers portraits artistiques de femmes scientifiques. C’est le cas de la semaine des femmes et filles de sciences à l’ENS-PSL, qui a eu lieu début février. Nous participons également aux journées des à Mines Paris - PSL en mars prochain.

Romane Cologni : L’exposition finalisée sera lancée fin mai, autour d’un grand événement à destination des scolaires. Toutes les informations seront prochainement disponibles sur et via . Nous souhaitons accueillir des classes de collèges et de lycées pour inaugurer l’exposition, mais également participer à des ateliers scientifiques organisés au sein de PSL. Nous voyons en effet cette exposition comme un bon moyen de diffuser les sciences et d’organiser des événements autour ! L’inauguration à destination de la presse se fera le soir suivant de cette journée de lancement.

Leïla Bessila : Enfin, l’exposition sera présente au festival de vulgarisation scientifique , du 7 au 9 juin 2024, aux côtés de PSL. L’exposition est conçue pour être itinérante et a pour vocation d’aller à la rencontre d’un grand nombre de collèges, lycées et institutions. Si vous souhaitez déjà la recevoir ou avez tout simplement des questions, n’hésitez pas à nous contacter !

 

Outre les 15 femmes représentées à l’exposition, y en a-t-il une - scientifique ou non, connue ou non - qui vous inspire particulièrement ?

Leïla Bessila : Ma grand-mère pour sa simplicité et son enthousiasme communicatif.

Lucie Cros : Difficile d’en choisir une seule ! Quitte à être dans le cliché, j’ai envie de répondre Marie Curie, pas pour ses Prix Nobel, même si c’est évidemment incroyable, mais pour des faits moins connus, comme son rôle durant la guerre. Marie Curie est allée sur le front, accompagnée de sa fille Irène. Elle a aménagé le coffre de nombreuses camionnettes de tourisme pour en faire des laboratoires de radiologie ambulants et examiner les soldats blessés. Son courage a permis d’éviter de nombreuses amputations inutiles, et même de sauver des vies. C’est ce qui m’inspire chez elle. Elle a fait ce qu’elle a pu, quand elle a pu, avec ce qu’elle a pu, pour le bien d’autrui. J’hésite aussi à parler d’Olympe de Gouges et de Samira Moussa, pour la même raison. Des femmes humanistes et idéalistes, qui agissent pour rendre le monde meilleur. Lire leur biographie m'apaise, et me donne de l’espoir.

Romane Cologni : Je pense souvent à une amie rencontrée dans une troupe de théâtre, Célia Pelluet, tout juste diplômée docteure. Nous avons en commun d’avoir beaucoup de passions en parallèle de notre recherche, en particulier dans le spectacle vivant. C’est toujours inspirant d’échanger avec elle, qui réussit à tout mener de front sans sacrifier ni ses passions, ni la qualité de son travail.

 

Quel conseil donneriez-vous à toute jeune fille ou jeune femme qui souhaiterait s’orienter
dans les sciences et/ou la recherche ?

Leïla Bessila : Il y a de la place pour tout le monde dans les sciences et la recherche ! Et les possibilités sont incroyablement variées : théorie, expérimental, recherche et développement, métiers du numérique…
Souvent, il est difficile d’imaginer le quotidien d’un ingénieur ou d’un chercheur : n’hésitez pas à contacter des professionnels ou des étudiants qui sont dans les filières qui vous intéressent, ils ont souvent beaucoup de choses à vous partager !

Lucie Cros : Mon conseil est simple : foncez ! Si vous aimez les sciences, si vous voulez faire des sciences, c’est l’unique chose qui compte. À mon avis, la seule vraie qualité nécessaire chez un ou une scientifique, c’est la curiosité. Ne vous laissez pas décourager par le fait que c’est un milieu masculin, personnellement je n’en ai jamais jamais souffert. Le sexisme existe c’est indéniable, mais heureusement à notre époque on peut s’en tirer sans que cela soit complexe à gérer - dans mon expérience en tout cas.

Romane Cologni : Je pense que j’insisterais sur le fait de travailler sérieusement, en essayant autant que possible de conserver une curiosité candide pour sa science. Cultivez l’émerveillement. Et si vous ne collez pas à l’image que vous vous faites d’un chercheur, d’une chercheuse, d’un ou d’une scientifique modèle, alors faites-vous votre propre place, car dans votre différence aussi, vous aurez quelque chose à apporter.

À propos de Leïla Bessila

Portrait Femme de sciences - Leila Bessila

Leïla Bessila est étudiante à Mines Paris - PSL. Elle se passionne pour la physique lors de ses années de classe préparatoire scientifique. Elle effectue un premier master 2 en physique des plasmas durant son année de césure et découvre « avec plaisir » le monde de la théorie durant un stage au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) sur les instabilités dans les plasmas. Désireuse d’approfondir ses connaissances en mathématiques, Leïla Bessila suit un master en physique non linéaire à l’ENS-PSL et à Dauphine-PSL. En parallèle de ses études, elle enseigne régulièrement les maths et la physique, « passionnée par la transmission ».
Aujourd’hui, Leïla Bessila est en doctorat au CEA Paris-Saclay, au département d’astrophysique. « Mon objectif est de fournir des modèles théoriques pour interpréter les ondes provenant des étoiles, qui sont captées par différentes missions spatiales », explique-t-elle.


À propos de Lucie Cros

Portrait Femmes de sciences - Lucie Cros

Très jeune, Lucie Cros a été intéressée par les sciences. Au lycée, elle songe d’abord à s’orienter vers des études de médecine, avant de bifurquer in extremis vers la physique et les mathématiques, qu’elle préfère. Elle effectue une classe préparatoire scientifique avant d'intégrer Mines Paris-PSL, où elle rencontre Leïla Bessila.
« Pendant ma scolarité aux Mines, j’ai eu l’occasion de faire des stages d’astrophysique, ce qui a confirmé mon attrait à la fois pour cette discipline mais aussi pour la recherche ». Après son diplôme, Lucie Cros poursuit par un master d’astrophysique et fait la connaissance de Romane Cologni. Désormais en thèse d’astrophysique à l’ENS-PSL, Lucie Cros étudie le milieu interstellaire. « Il s’agit de nuages de gaz existant au sein de notre galaxie, entre les systèmes stellaires et qui sont voués à se transformer en étoiles. »

À propos de Romane Cologni

Portrait Femmes de sciences - Romane Cologni

« Dès le lycée, j’avais en tête d’orienter mes études vers l’astrophysique. » Romane Cologni commence son parcours universitaire par une licence de physique, section internationale, lui offrant l'opportunité d'effectuer sa troisième année à l’Université de Californie à Berkeley. À son retour, elle poursuit dans la physique fondamentale et rejoint le Master 1 international de l’ENS-PSL. Durant cette année, Romane Cologni  fait son premier stage de recherche au CEA Paris-Saclay, où elle étudie les poussières autour des étoiles en formation. Une expérience qui ne fait que confirmer son intérêt pour l’astrophysique. Elle se spécialise alors dans cette discipline grâce au Master 2 de l’Observatoire de Paris-PSL, où elle rencontre Lucie Cros. Depuis octobre, Romane Cologni est doctorante et enseigne à l’Observatoire. « Ma recherche porte sur les conditions de formations d’étoiles dans des galaxies spirales dix fois plus massives que la nôtre. »

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