100 % couleurs naturelles, les étudiants de l’EnaMoMa s’initient à l’éco-design
Du vêtement artisanal au vêtement de haute couture, en passant par les vêtements de travail et les accessoires, l’EnaMoMa, Ecole Nationale de Mode et Matière by PSL, forme des créatifs et des designers de mode en niveau Master. Focus sur le workshop « colorants naturels », initiant les étudiants aux techniques et pratiques de l’éco-design.
Totalement inédite dans le paysage des écoles de mode, l’EnaMoMa by PSL est le fruit de la collaboration de trois établissements de l’±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé PSL : l’EnsAD, MINES ParisTech et l’±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé Paris-Dauphine. L’Ecole de Mode et Matière offre à ses étudiants une formation complète en marketing, artisanat de la mode, création, matière et procédés de fabrication à l’occasion de cours et d’un planning de workshops répartis dans l’année.
« Les workshops sont des respirations dans le planning très dense de l’EnaMoMa. En expérimentant l’innovation mais aussi des techniques proches de l’artisanat, les étudiants nourrissent leur créativité sur des segments diamétralement opposés, toutefois bien ancrés dans notre époque. Les projets collaboratifs avec des étudiants d’horizons nouveaux sont également une source extraordinaire d’inspiration pour alimenter leur collection de Grand Projet en fin de Master » précise Laurence Piette, chargée de la préfiguration de l’EnaMoMa by PSL.
Dernier workshop en date, une semaine d’initiation à l’éco-design par la manipulation et production de « colorants naturels », une belle occasion de découvrir cette nouvelle formation et ses élèves.
Autonomie et savoir artisanal
Dans la nature, on peut teindre à partir de n’importe quoi : déchets alimentaires, racines, marc de café... et produire une large gamme de couleurs, contrairement à certaines idées reçues
« Dans la nature, on peut teindre à partir de n’importe quoi : déchets alimentaires, racines, marc de café... et produire une large gamme de couleurs, contrairement à certaines idées reçues » explique Isabelle Rodier, enseignante en Design, textile et matière à l’EnsAD et animatrice du workshop. Durant toute la semaine, les étudiants vont ainsi s’initier au potentiel des matières naturelles, afin d’élargir au maximum leurs champs de compétences et leur degré d’autonomie. « Les colorants naturels n’ont pas pour vocation de toucher ou servir le mass market. On n’y parviendrait pas et ce serait aberrant de consacrer autant de terres agricoles pour se vêtir. C’est néanmoins essentiel que les étudiants sachent monter une cuve indigo, réaliser un nuancier et réussir un mordançage (fixation du colorant sur un textile) avec ces matières. Ces techniques sont certes plus coûteuses et plus longues que celle des colorants chimiques, mais elles aboutissent à une vibration particulière. C’est un savoir artisanal et, s’il y a différentes manières d’innover, celle-là peut bien en être une ! » précise Isabelle Rodier.
Futur de la Mode
Le futur de la mode réside pour moi dans l’innovation et la recherche de nouvelles technologies. Procédés de fabrication, nouvelles matières, impressions 3D : tout cela aura forcément un impact dans le vêtement.
Pour réaliser leurs nuanciers naturels et produire la teinte qu’ils souhaitent, les étudiants manipulent textiles, colorants et températures des cuves. « Je réactive toutes mes connaissances en chimie du lycée » précise en riant Antoine Emmanuel, ancien élève de l’ENSAV La Cambre à Bruxelles, en pleine préparation des colorants. Un apprentissage par la pratique qui lui semble essentiel, car même s’il n’est pas certain de se tourner vers l’éco-design, il est sensible à sa dimension innovante : « Le futur de la mode réside pour moi dans l’innovation et la recherche de nouvelles technologies. Procédés de fabrication, nouvelles matières, impressions 3D : tout cela aura forcément un impact dans le vêtement, qu’il s’agisse ou non du vêtement de luxe ; et c’est pour ça que j’ai choisi de me spécialiser à l’EnaMoMa après ma Licence. »
Pour Noémie aussi, diplômée de l’école Duperré à Paris et qui a travaillé comme designer textile après ses études, savoir manipuler et produire ses propres colorants est une ressource précieuse : « Je suis persuadée qu’on n’aura pas le choix. Il faudra qu’on se rende à l’évidence, qu’on consomme moins et mieux. La mode est une industrie, j’en ai bien conscience et nos cours à l’±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé Paris-Dauphine nous ont aidés à en comprendre les mécanismes. Je pense qu’une forme d’artisanat peut exister aux côtés des grandes maisons ou des grandes chaînes du textile. C’est un positionnement qui doit être voulu et pensé, mais qui a sa place. J’espère pouvoir commencer à travailler pour d’autres, puis monter mon projet en parallèle. »
Nous avons travaillé en équipe de designers, créatifs, ingénieurs avec pour défi d’inventer une veste entièrement éco-responsable. C’était passionnant de travailler ainsi avec des métiers aussi différents.
Les worskshops sont aussi l’occasion pour les élèves de se confronter à d’autres environnements et métiers. L'atelier précédent organisé à MINES ParisTech autour de l’éco-conception a réuni une start-up, des élèves ingénieurs et les étudiants de l’EnaMoMa. « Nous avons travaillé en équipe de designers, créatifs, ingénieurs avec pour défi d’inventer une veste entièrement éco-responsable. C’était passionnant de travailler ainsi avec des métiers aussi différents. J’espère devenir accessoiriste, ce qui impliquera probablement de travailler avec des ingénieurs et ce workshop m’a permis d’en prendre pleinement conscience » raconte Olympe, elle aussi diplômée de l’école Duperré à Paris.
Futurs artisans, designers en haute couture et en accessoires… Les étudiants de la première promotion de l’EnaMoMa ont des ambitions multiples. L’année prochaine, ils s’attelleront à leur projet personnel en s’appuyant sur les enseignements des différents workshops.