"Avec Graapz, on crée de la valeur sur des fruits et légumes qui n'en avaient plus"
A l'occasion des journées portes ouvertes du , espace de coworking du programme de formation destiné aux étudiants-entrepreneurs ±Ê³§³¢-±Êé±è¾±³Ù±ð, rencontre avec Alexandre Durand, entrepreneur engagé et fondateur de la startup Graapz, qui a fait de la lutte contre le gaspillage alimentaire son combat.
Mon parcours
Graapz n'est pas né par hasard. Depuis toujours, que ce soit au lycée ou dans l'enseignement supérieur, je me suis impliqué dans des initiatives de préservation de l'environnement, en faisant du bénévolat ou en m'orientant vers des études de biologie. J'ai ensuite étudié un an à Montréal où j'ai suivi une licence dans la faune et la flore : tout semblait me destiner à la recherche. Mais en faisant des stages et des études de terrain, je me suis rendu compte que ce n'était pas la voie que je souhaitais prendre, que ce n'est pas dans ce milieu que j'allais m'épanouir.
Un tiers de tout ce qu'on produit est jeté chaque année en France, et la moitié de ces produits sont des fruits et des légumes. Fort de ce constat, j'ai voulu mettre en place un projet personnel qui aurait un impact positif sur l'environnement
Parallèlement, c'est lors de cette période au Canada que j'ai découvert le dumpster diving, littéralement "la plongée dans les bennes" : des gens récupéraient des produits encore bons à consommer que les supermarchés jetaient. C'est à partir de là que je me suis intéressé au gaspillage alimentaire. Il faut savoir qu'un tiers de tout ce qu'on produit est jeté chaque année en France, et la moitié de ces produits sont des fruits et des légumes. Fort de ce constat, j'ai alors eu ce besoin de mettre en place un projet personnel qui aurait un impact positif sur l'environnement : en revenant en France, la relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire venait d'être votée. Une nouvelle économie circulaire naissait, tout à fait en phase avec mon combat contre le gaspillage alimentaire. C'est dans ce contexte que j'ai fondé .
Mes premiers pas dans l'entrepreneuriat
En 2016, j'avais l'idée de fonder ma startup mais avec ma formation de biologiste, le business plan, le budget prévisionnel etc, tout ça, ça ne me parlait pas du tout. Je suis d'abord devenu étudiant-entrepreneur à Paris-Saclay où j'ai étudié les bases de l'entrepreneuriat et où j'ai pu rencontrer et faire mon premier pas dans l'ESS (ndlr: l'économie sociale et solidaire). J'ai la même année intégré l'incubateur La Ruche (La Social Factory) où j'ai pu me former. Je suis rentré avec une idée et en suis ressorti avec un business model viable. Il fallait ensuite le prototyper : en septembre 2017, j'intégrais avec une solution à mettre en application.
Quelle chance d'avoir aujourd'hui un statut d'étudiant-entrepreneur, un espace de coworking, des rencontres avec des experts et des porteurs de dizaine de beaux projets très différents, avec qui on peut échanger !
L'éclosion de ma startup
Graapz est un service de lutte contre le gaspillage alimentaire proposant des paniers de fruits et légumes invendus à bas coûts à des clients de petits commerces (surfaces de moins de 400 m2). Très peu de solutions sont proposées aux commerçants de petites surfaces, contrairement aux supermarchés et hypermarchés. Au lieu de jeter leurs invendus encore consommables, nous leur proposons, en s'associant à notre projet, de pouvoir les vendre à bas prix aux clients. C'est là la spécificité de Graapz. Nous distribuons des sacs en jute aux commerçants qui, chaque jour, les remplissent de fruits et légumes à destination des " glaneurs " Graapz. Pour bénéficier de ces offres, il faut s'abonner à notre plateforme web et on a accès, via une map, aux commerces de proximité. Un seul panier de 3 kg, c'est 2100 litres d'eau économisé et 11m2 de terres cultivées préservées. On créé de la valeur sur des produits qui n'en avaient plus !
Nous sommes aujourd'hui implantés en région parisienne (18 commerces à Paris et banlieue) où nous pouvons mesurer l'efficacité de la démarche et être à l'écoute des retours clients / commerçants. Nous avons évidemment la volonté de développer l'initiative à plus grande échelle.
Graapz, c'est pour qui ?
Pour tous ! A ce stade, on a surtout 2 persona bien identifiés : on a Marie, étudiante ou jeune salariée, entre 25 et 30 ans, engagée dans la lutte contre le gaspillage alimentaire et pour qui cette solution correspond avant tout à ses valeurs (près de 90% des clients). Et puis on a Martine, la quarantaine, avec des fortes contraintes budgétaires et pour qui le coût des paniers (ndlr : 20 euros/mois pour 4 paniers de 3kg) est un réel plus dans son budget (10%). Nos canaux pour toucher nos futurs clients : les réseaux sociaux, le street marketing et le bouche à oreilles.
Pour se lancer dans l'entrepreneuriat, il faut...
Déjà , savoir s'encadrer et avoir de bons réseaux : quelle chance d'avoir aujourd'hui un statut d'étudiant-entrepreneur, un espace de coworking (ndlr : le ), des rencontres avec des experts et des porteurs de dizaine de beaux projets très différents, avec qui on peut échanger ! Il faut savoir saisir cette opportunité.
Il faut aussi avoir, à mon sens, un peu de sang-froid pour prendre de la distance sur ce qu'on entend : c'est le meilleur moyen de ne pas se mettre trop de barrières, de se lancer avec enthousiasme dans son projet. Non, je n'ai pas fait d'école de commerce, et alors ? A nos âges où on n'a pas encore de vie de familles, de crédits, de contraintes professionnelles lourdes, on peut se lancer. On a des filets derrières, des gros dispositifs comme ±Ê³§³¢-±Êé±è¾±³Ù±ð.
Les épreuves font partie du projet
Le plus dur, c'est de trouver les bonnes personnes, les bons associés. Ma première expérience à plusieurs s'est très mal passée. Je me suis vite retrouvé seul à porter le projet et ce durant presque un an. Si je n'avais pas été persuadé de la viabilité de mon projet à ce moment-là , j'aurais pu lâcher, clairement. C'est un retour que j'entends souvent : l'association est une étape cruciale et délicate, ce sur quoi on peut se louper.
Je sentais ma légitimité en tant porteur de projet fragile. J'ai par exemple toujours parlé au nom d'un groupe en disant "on " au lieu de " je ", même si j'étais seul sur les salons. Aujourd'hui, je peux dire que je suis fier de ne pas avoir renoncé, d'avoir traversé cette crise et d'avoir su me remettre en question. Ma nouvelle équipe est bien plus solide aujourd'hui, on est complémentaires et je sais pourquoi nous avons chacun notre place. Je ne regrette rien de ma période " noire " : elle m'a permis de m'associer pour de bonnes raisons, de prendre en compte les réels besoins du projet, et non les miens. J'aurais pu m'associer par peur d'assumer seul mon rôle, par fragilité psychologique. J'ai pu dépasser ça et je sais d'autant plus pourquoi notre collaboration m'apparaît d'autant plus forte !
En somme...
Cette année a été la bonne pour nous lancer concrètement : ±Ê³§³¢-±Êé±è¾±³Ù±ð m'a permis d'avoir accès à un espace hors norme dans Paris, d'être toujours mieux formé, de côtoyer des étudiants-entrepreneurs avec des problématiques similaires aux miennes, et de participer à des concours proposés en interne à ±Ê³§³¢-±Êé±è¾±³Ù±ð ! On a d'ailleurs reçu le Prix " Prototypage " qui nous permet aujourd'hui de financer la dernière version de notre site internet.
Madame Fang, gérante du "Monge Primeurs" à Paris, est une des commerçantes qui collabore avec Graapz : "Il m'était insupportable de jeter mes invendus auparavant et j'ai trouvé la solution de Graapz formidable : j'ai le sentiment de faire ma part aussi dans la lutte contre le gaspillage alimentaire."
(Pépite pour "pôles étudiants pour l'innovation, le transfert et l'entrepreneuriat", un programme national lancé par le Ministère de lʼEnseignement supérieur,de la Recherche et de lʼInnovation) est dédié à tous les étudiants ou jeunes alumni de PSL portant un projet de création d'entreprise, ou tout simplement animés par l'envie d'entreprendre. Il vise à donner à ces étudiants les compétences, les services et l’accompagnement dont ils ont besoin pour réaliser leur projet. A la rentrée de septembre 2017, 52 étudiants et 42 nouveaux projets étaient lancés. Rejoignez le mouvement !