Former dès le premier cycle une nouvelle génération d’acteurs et de décideurs aux enjeux du développement durable
L’±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé PSL lance en 2020 une formation interdisciplinaire inédite à destination des futurs bacheliers : ce cursus postbac en 3 ans est entièrement consacré aux enjeux et aux défis du développement durable. Isabelle Catto, vice-présidente Licences et affaires académiques, et quatre enseignants-chercheurs de PSL (Florence Weber, ENS - PSL ; Jasha Oosterbaan, MINES ParisTech ; Alexis Tsoukias, Dauphine - PSL ; et Thomas Thiebault, EPHE - PSL) présentent les grands principes de la maquette pédagogique et les critères de sélection de cette nouvelle licence.
PSL : Quels sont les objectifs de cette nouvelle formation « Sciences pour un monde durable et impact positif » ?
Isabelle Catto : La formation répond à une problématique concrète et actuelle : former une nouvelle génération d’acteurs et de décideurs qui comprennent les enjeux du développement durable dans toute leur complexité.
La jeunesse internationale s’est emparée de la question de l’urgence climatique et l’on sent de toute part l’envie d’agir. Il s’agit cependant d’un sujet complexe sur lequel les scientifiques de toutes disciplines se sont mobilisés depuis de nombreuses années. Le développement durable ne se limite pas aux questions environnementales, la réduction des inégalités et les questions politiques soulevées par les migrations sont aussi des sujets d’ampleur.
Il n’existe pas de solution évidente ni unique à l’ensemble des questions et dilemmes soulevés, et toutes les intelligences devront être mobilisées.
Notre rôle est de former des étudiants français et internationaux, dès la licence, comme nous le faisons déjà au niveau master et doctorat, afin de les rendre à même de faire le pont entre les décideurs et les chercheurs. A l’±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé PSL, nous bénéficions d’un vivier de chercheurs exceptionnels ; plus de 30% de la recherche faite dans nos laboratoires est dédiée aux enjeux du développement durable. PSL est par conséquent le lieu privilégié pour créer une telle licence, tout à fait inédite dans le paysage français. J’ajouterais que, au-delà du lancement de cette nouvelle formation, nos établissements sont d’ores et déjà engagés pour relever ces défis. Ainsi, dès la rentrée 2020 l’ensemble des étudiants de 2e année de licence inscrits à Dauphine - PSL recevront un enseignement sur le changement climatique dans le cadre du programme ; le a été récemment remanié pour intégrer ces grandes questions ; et le
« Pour développer des réponses durables aux enjeux planétaires, il est indispensable d’avoir une approche transdisciplinaire »
Jasha Oosterbaan (ISIGE / MINES ParisTech) & Florence Weber, anthropologue ENS - PSL
J. O : Pour développer des réponses durables aux enjeux planétaires, c’est-à -dire qui incluent à la fois les dimensions écologiques et sociales, il est indispensable d’avoir une approche transdisciplinaire. Cette approche nécessite des compétences spécifiques qui s’acquièrent, avec des approches pédagogiques spécifiques. Par exemple, en prenant l’énergie issue de biomasse comme un élément de la transition énergétique, il faut tenir compte des aspects agricoles (quelle biomasse, quel rendement, quelles implications sur la culture alimentaire, quels impacts sur les conditions des sols), des questions physico-chimiques et de production (quels procédés techniques, quels impacts, comment optimiser, quel transport), des questions socio-économiques (comment organiser la chaîne de valeur, quel équilibre économique) et sociales (acceptabilité sociale, quels impacts sur les prix et la disponibilité de l’énergie) etc.
F. W : La licence permettra/initiera à l’analyse des relations entre une société et son environnement physico-biologique dans toutes leurs complexités : pratiques et représentations de l'environnement selon les contextes socio-historiques; sociétés nomades, sociétés sédentaires, sociétés plurielles (où coexistent migrants, colons, touristes, "autochtones", migrants de retour, exilés...); ubiquité différentielle des groupes sociaux, dissociation entre pouvoir sur l'espace et pouvoir sur les populations; attachement des individus au territoire et constructions juridiques touchant l'environnement. La confrontation des savoirs sur l'histoire des sociétés humaines, sur la nature et le vivant, des savoirs techniques et des sciences de l'ingénieur permettra de former une nouvelle génération d'élus et de citoyens capables de comprendre l'impact sur leur environnement, et sur l'environnement d'autrui, des décisions économiques et politiques, petites et grandes.
PSL : Quels seront les principaux enseignements de la Licence ?
Si l’on veut former à la compréhension globale des enjeux liés au changement climatique, une approche réellement interdisciplinaire est indispensable !
Isabelle Catto : La licence a été conçue en s’inspirant des principes qui ont fait le succès des autres licences de PSL (, les ) : socle généraliste solide et exigeant, pluridisciplinarité, enseignement au plus près de la recherche et en petits groupes.
Elle proposera des enseignements en français et en anglais dans cinq grands domaines scientifiques : les sciences de la nature et de l’environnement, les sciences humaines et sociales, les sciences économiques, les sciences des données et les mathématiques en les articulant autour des objectifs de développement durable.
Dans de nombreux cursus existant au niveau licence, lorsqu’un enseignement sur les objectifs de développement durable est proposé, il vient souvent se juxtaposer à un cursus disciplinaire ou pluridisciplinaire principal. Or, si l’on veut former à la compréhension globale des enjeux liés au changement climatique, une approche réellement interdisciplinaire est indispensable ! Les enseignements proposés par la licence s’inspireront des objectifs de développement durable pour introduire les concepts fondamentaux. Ils s’organiseront autour de thématiques interdisciplinaires mêlant sciences de la nature et sciences de l’Homme telles que, par exemple « Energie et ressources », « Biologie, Biodiversité et environnement » ou encore « Gouvernance des transitions et inégalités ».
Outre les enseignements proprement dits, les étudiants bénéficieront d’un cycle de conférences annuel qui invitera des acteurs du monde socio-économique et des chercheurs impliqués dans ces thématiques. Une place importante sera également accordée aux projets afin de permettre aux étudiants de proposer des actions concrètes et de mobiliser les connaissances acquises. Ces exercices leur permettront de se confronter aux réalités du terrain et de mettre en œuvre l’approche pluridisciplinaire qui leur aura été enseignée. Cet enseignement par la pratique sera un atout indéniable pour la poursuite de leurs études.
Les étudiantes et les étudiants auront également la possibilité de renforcer leurs connaissances disciplinaires au cours des trois années du cursus en fonction des poursuites en master visées. Enfin, certains partenariats internationaux de l’±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé PSL intégreront des possibilités d’échanges pour les étudiantes et étudiants de la licence, par exemple à l’occasion d’écoles d’été. Cela leur offrira l’opportunité de confronter leurs connaissances dans d’autres contextes culturels, d’aborder d’autres problématiques.
« La cohérence des contenus pédagogiques au sein de PSL, notamment à travers la thématique Terre et Biodiversité, représente un atout supplémentaire pour accompagner et orienter l’évolution des étudiants tout au long de leur cursus. » Thomas Thiebault, maître de conférences à l’EPHE - PSL
« Centrée autour des enjeux du développement durable, la Licence est construite au carrefour des problématiques d’aujourd’hui et de demain. De par son approche résolument interdisciplinaire, son ambition majeure est de former des étudiants curieux, ouverts d’esprit tout en maintenant un socle scientifique solide, à la fois pour saisir la complexité des débats actuels, et pour s’épanouir dans leurs poursuites d’étude. A ce titre, la cohérence des contenus pédagogiques au sein de PSL, notamment à travers la thématique Terre et Biodiversité, depuis l’entrée en licence jusqu’au doctorat (à travers le programme gradué Earth and Biodiversity), représente un atout supplémentaire pour accompagner et orienter l’évolution des étudiants tout au long de leur cursus. La pleine réussite de cette licence, iconoclaste dans sa construction, sera un défi nécessitant un plein investissement des équipes enseignantes et des étudiants. A nous de le relever ! »
PSL : Quels seront les débouchés ?
Isabelle Catto : Comme pour nos autres licences, Sciences pour un monde durable préparera les étudiantes et les étudiants à la poursuite d’études dans les masters sélectifs des meilleures universités et grandes écoles en France et à l’international. Au sein de PSL, les futurs diplômés pourront ainsi candidater dans des masters réputés en Sciences (master Sciences du vivant, master Energie, , , cycle ingénieurs , , Chimie ParisTech - PSL ...) et en sciences humaines, économiques et sociales (, affaires internationales et développement…).. Nos futurs diplômés seront à même d’envisager une carrière dans , dans des entreprises, des administrations, des organisations internationales, des laboratoires de recherche… et dans les métiers émergents (ingénieurs écologues, chercheurs en politique climatique,…). 85% des emplois qui existeront en 2030 ne sont pas encore créés.
« Aider à construire un monde durable nécessite de savoir anticiper les conséquences et mesurer de manière appropriée et responsable : nous souhaitons former des experts conscients de leur responsabilité » par Alexis Tsoukias, directeur de recherche CNRS, fondateur et responsable du Master Peace Studies de Dauphine - PSL
Mettre en place une démarche scientifique pour traiter un problème de société implique avant tout de savoir mesurer à la fois l’étendue du problème et les conséquences possibles d'une action de résolution. Or, mesurer un phénomène de société implique un degré supérieur de complexité par rapport à la mesure d'un phénomène physique, le phénomène observé étant modifié par la mesure elle-même. Des concepts comme la « vulnérabilité », la « résilience », le risque socio-économique, le bien-être (des individus et de la société) sont des concepts complexes, mais mesurables au sens de l'utilisation d'outils formels pour transformer des observations empiriques en entités comparables et communicables. Ces concepts et leurs utilisations seront enseignés au sein de la nouvelle licence. Aider à construire un monde durable nécessite de savoir anticiper les conséquences et donc mesurer de manière appropriée et responsable. Nous souhaitons former des experts conscients de leur responsabilité.
PSL : Comment et sous quelles conditions une lycéenne ou un lycéen pourra intégrer cette Licence en septembre prochain ?
Cette formation est un diplôme public pour laquelle s’appliqueront les droits d’inscription nationaux de l’ordre de 170€ par an
Isabelle Catto : Il s’agit d’un cursus sélectif et exigeant qui s’adresse aux lycéens français et internationaux. Les futurs candidates et candidats doivent ainsi avoir suivi une terminale générale en ayant obtenu des résultats solides et équilibrés dans les différentes matières. Ils doivent également disposer d’un excellent niveau à l’écrit et l’oral et faire preuve d’une forte capacité de travail. Au-delà des résultats scolaires, nous évaluerons également, à travers les dossiers de candidatures et lors des entretiens, la curiosité intellectuelle, l’engagement et la passion pour les sujets scientifiques. La sélection des candidatures s’effectuera sur , avec l’ouverture du dépôt des dossiers dès le 22 janvier. Enfin, point non négligeable, cette licence est une licence publique pour laquelle s’appliqueront les droits d’inscription nationaux, de l’ordre de 170€ par an, avec un dispositif d’exonération et d’accompagnement pour les étudiants boursiers.
PSL : Auriez-vous un conseil pour les lycéens et lycéens qui préparent actuellement leur candidature ?
Isabelle Catto : Soyez-vous-mêmes ! Nous sommes impatients de vous rencontrer et de connaître vos aspirations.
« Revoir la traditionnelle séparation entre Sciences et Lettres pour répondre aux enjeux contemporains »
Florence Weber, anthropologue ENS - PSL
Les enjeux contemporains (environnement, santé, lutte contre les inégalités) nous invitent à revoir la traditionnelle séparation entre Sciences et Lettres dans l’enseignement en France. Le pari de cette nouvelle licence PSL est de construire les conditions d'un dialogue respectueux et serein entre des spécialistes en sciences humaines et sociales et en sciences de la nature, qui travaillent trop souvent séparément, afin de former une nouvelle génération capable de penser les enjeux du développement durable dans leur globalité.