"J'avais envie d'inventer quelque chose" Parcours d'un jeune entrepreneur
Diplômé de l’ESPCI, de PSL-ITI, alumnus du programme PSL-Pépite et membre actif de PSL-Sport, Alexis Robert connaît PSL mieux que personne. En 2015, il a fondé LOMA Innovation, une start-up du secteur thermoplastique, qui lance aujourd’hui un tout nouveau produit via la plateforme de crowdfunding Kickstarter. Retour sur ses années d’études et son parcours de jeune entrepreneur.
PSL : Vous êtes diplômé de l’ESPCI et du programme PSL-ITI, deux diplômes complémentaires. Comment ces années d’études vous ont-elles préparé à devenir jeune entrepreneur ?
Alexis Robert : J’ai choisi d’intégrer l’ car, parmi les grandes écoles, elle était la seule à offrir un large champ de spécialités (physique, chimie, biologie, mathématiques...) et, sans idée encore très précise pour ma carrière, je voulais me réserver un maximum d’options. Cela a été le bon choix. Mes années d’école ont été passionnantes, elles m’ont permis de croiser les disciplines, les approches et d’envisager différentes voies : chercheur, entrepreneur, ingénieur, patron… En intégrant le programme en 2014, j’ai continué d’explorer les sujets scientifiques tout en m’orientant progressivement vers le secteur des matériaux et de la médecine. J’avais avant tout envie de faire des découvertes, d’inventer quelque chose. Cette année a été décisive, j’y ai rencontré mon premier associé, Pierre-Louis Boyer. Ensemble, nous avons pu obtenir une bourse PSL pour effectuer notre stage au sein du et ainsi inventer une technologie et la breveter. PSL-ITI nous a laissé une grande liberté d’action, dont nous avons bien profité. Le dernier mois de la formation était consacré à la création d’un projet de start-up, nous avons testé la viabilité de notre techno en nous appuyant sur une étude de marché, une étude juridique… Aussi, quand nous avons rencontré le directeur d’ à la soutenance PSL-ITI, nous avons pu lui présenter un projet bien étayé et intégrer l’incubateur. Cette année-là nous a servi de tremplin exceptionnel !
PSL : LOMA innovation, votre start-up en industrie thermoplastique a été créée en 2015. Comment est né ce projet de start-up sur cette thématique particulière ?
J’avais pendant mes années à l’ESPCI contribué à l’essor d’, une association étudiante de médiation scientifique. Cela m’avait plu et assez naturellement j’ai eu envie de renouveler l’expérience en mettant cette fois en valeur des matières qui n’existaient pas encore.
AR : Sans surprise, le projet s’est fait par étapes. Au départ, nous n’étions pas vraiment dans l’idée de créer une start-up. Nous cherchions à inventer quelque chose. J’avais pendant mes années à l’ESPCI contribué à l’essor d’, une association étudiante de médiation scientifique. Nous avions ainsi organisé en partenariat avec la Cité des Sciences, puis le Palais de la découverte, plusieurs événements afin de donner à voir une sélection d’innovations issues de l’école. C’était un projet intéressant qui mêlait une collaboration étroite avec les chercheurs et qui nécessitait un travail de gestion, de relations avec le public. Cela m’avait plu et assez naturellement j’ai eu envie de renouveler l’expérience en mettant cette fois en valeur des matières qui n’existaient pas encore. J’ai pu mettre en œuvre le projet avec Pierre-Louis. Une fois la technologie développée et brevetée, la création de la start-up s’est imposée à nous. Pour nos interlocuteurs, il était indispensable que cette nouvelle technologie soit hébergée dans une structure pérenne. Nous avons créé LOMA Innovation le 30 décembre 2015 à Agoranov. C’est une société un peu hybride avec une double casquette de bureau d’étude et de recherche fondamentale. En d’autres termes, notre matériau, on l’étudie sous toutes les coutures : développement produit et R&D !
PSL : Pourriez-vous expliquer les technologies proposées et le concept de votre start-up ?
Contrairement aux produits standards, nous livrons un matériau dont le potentiel d’utilisation n’est pas infini mais presque !
AR : Notre business model est assez particulier, nous ne proposons pas seulement une gamme de matériaux mais également son potentiel. Je m’explique : suivant la composition initiale d’un matériau plastique, celui-ci peut être refaçonné, réadapté via des combustions successives. C’est le cas par exemple de SW01, qui est un composite rigide qui se ramollit dans un four à micro-ondes. Une fois chauffé, il épouse et conserve la forme de l’objet contre lequel il est appliqué. Nous le distribuons généralement pour des équipements sportifs (protège tibia…).
Contrairement aux produits standards, nous livrons un matériau dont le potentiel d’utilisation n’est pas infini mais presque !
Très concrètement, quand un client nous sollicite, nous définissons avec lui ses besoins, nous réalisons une composition chimique pour le matériau qu’il souhaite développer et nous leur livrons un prototype. Il peut s’agir d’un protège tibia, d’écouteurs, de branches de lunettes, de bracelets de montre… Nos clients reçoivent en plus le mode d’emploi du prototype afin qu’ils aient toute latitude pour le tester et surtout le modifier, re-façonner. Généralement, si le produit leur convient, ils reviennent vers nous pour qu’on le fasse évoluer… Nous travaillons par itérations, comme dans un laboratoire de recherche in fine !
PSL : Loma Innovation propose « des matériaux plastiques pour un avenir durable », à l’heure du slogan « plastique non-merci » c’est assez disruptant, non ?
AR : Certes, la côte de popularité du plastique a nettement décru ces dernières années, mais attention : cela n’empêche pas notre produit d’être durable ! Nos produits sont réadaptables, modifiables… Ceci étant, nous avons lancé des initiatives de recherche pour changer ce matériau composite et disposer de technologie plus verte. Aujourd’hui, nous ne sommes pas green à 100% mais nous utilisons des polyesters recyclables, il ne s’agit pas de matériaux rares.
PSL : LOMA Innovation fêtera ses 4 ans cette année et lance un nouveau produit. Quel est votre retour d’expérience sur ces premières années ?
AR : Durant les 3 premières années d’existence de LOMA, nous avons beaucoup exploré les potentiels de notre secteur et de notre business model. Nous sommes sur un secteur porteur, j’en suis persuadé, mais il est très amont des pratiques habituelles et doit encore faire ses preuves. Nos technologies sont dans un entre-deux : si elles intéressent les entreprises, elles viennent aussi disrupter leurs technologies… Pour rassurer et également prouver notre valeur ajoutée, nous avons décidé de développer un objet de A à Z : Ewolv, des écouteurs de musique personnalisables qui seront proposés sur Kickstarter dans les prochaines semaines. Si ce lancement fonctionne, nous pourrons envisager de lancer une première levée de fonds. Au passage, PSL est actionnaire de l'entreprise depuis 2018 et à ce titre nous apporte un soutien financier et stratégique. Par ailleurs, nous serons hébergé à l'incubateur de Chimie ParisTech () à partir de juillet 2019 ; ce faisant nous nous rapprochons concrètement de la recherche académique tout en restant actifs au sein de l'écosystème PSL.