Le conseil d’administration a autorisé le Président à entamer la procédure de demande de sortie de l’Etablissement public Expérimental. Interview du président Alain Fuchs.
Alain Fuchs, prĂ©sident de l’±«˛Ôľ±±ą±đ°ů˛őľ±łŮĂ© PSL, revient sur le lancement de la procĂ©dure de sortie du statut d’Etablissement public expĂ©rimental PSL votĂ© le 7 octobre dernier.
PSL : Le 7 octobre dernier, le conseil d’administration de l’±«˛Ôľ±±ą±đ°ů˛őľ±łŮĂ© vous autorisait Ă entamer la procĂ©dure de demande de sortie de l’Etablissement public ExpĂ©rimental. Pouvez-vous en prĂ©ciser les conditions ?

Alain Fuchs : Les administratrices et administrateurs m’ont effectivement autorisé à demander la sortie de l’expérimentation pour que l’Etablissement public expérimental PSL soit stabilisé en un Grand Etablissement. Le vote a été clair : 29 voix pour, 3 contre et une abstention.
Cette demande s’effectue à statuts constants. Elle n’affectera donc pas ceux de PSL et ceux des établissements. Concrètement, l’une des spécificités de notre modèle est le maintien des personnalités morales et juridiques des établissements-composantes. Ce maintien est expressément prévu par l’article 20.III de l’ordonnance de 2018. C’est un point crucial et ce pourquoi nous nous sommes battus pendant 10 ans. Un tel maintien n’était pas seulement la condition sine qua non de toute intégration, il s’est à l’usage révélé la meilleure garantie pour travailler ensemble : le bilan des dix années de réalisations communes de PSL est là pour le prouver.
De ce point de vue, l’ordonnance de 2018 est venue débloquer une situation jusqu’ici inextricable en résolvant un problème politique de fond : elle a permis qu’existe une autre solution que celle de la fusion.
PSL : Pourquoi avoir demandé à devenir un Grand Etablissement ?
Alain Fuchs : PSL s’est construite Ă partir d’institutions qui relèvent, pour certaines, de la catĂ©gorie des grands Ă©tablissements (Ecole nationale des chartes - PSL, Ecole pratique des Hautes Etudes - PSL, Observatoire de Paris - PSL, ±«˛Ôľ±±ą±đ°ů˛őľ±łŮĂ© Paris Dauphine - PSL) et qui sont très attachĂ©es aux dĂ©rogations que cette catĂ©gorie permet, soit qu’elle autorise, comme pour les Ă©coles d’ingĂ©nieurs ou les Ă©coles normales, la sĂ©lection des Ă©tudiants – ce qui est du reste le cas des formations portĂ©es directement par l’EPE comme le CPES, soit qu’elle permette le dĂ©ploiement d’une politique de droits de scolaritĂ© plus redistributive, i. e. des droits progressifs en fonction du niveau de revenus des parents comme Ă Dauphine. Nous sommes convenus que l’±«˛Ôľ±±ą±đ°ů˛őľ±łŮĂ© PSL se devait d’être Ă l’image de ses composantes. Cette analyse politique se double de considĂ©rations juridiques allant dans ce sens. Lorsqu’en 2011 l’±«˛Ôľ±±ą±đ°ů˛őľ±łŮĂ© de Lorraine a intĂ©grĂ© un grand Ă©tablissement, elle est devenue elle-mĂŞme un Ă©tablissement public Ă caractère scientifique, culturel et professionnel (EPSCP) constituĂ© sous la forme d’un grand Ă©tablissement au sens de l’article L. 717-1 du Code de l’éducation.
PSL : L’ordonnance de 2018 prévoit une expérimentation pouvant aller jusqu’à 10 ans. Pourquoi avoir choisi de sortir maintenant ?
Alain Fuchs : En Ă peine 10 annĂ©es d’existence, PSL a Ă©tĂ© successivement un pĂ´le de recherche et d’enseignement supĂ©rieur (PRES) puis une communautĂ© d’±«˛Ôľ±±ą±đ°ů˛őľ±łŮĂ©s et Etablissements (ComUE), puis un Ă©tablissement public expĂ©rimental (EPE), autant d’appellations qui soulevaient des interrogations chez nos collègues et partenaires internationaux, quand, pour la ComUE, elles n’étaient pas critiquĂ©es par la Cour des Comptes. A chaque fois, il a fallu réécrire des statuts. Il est temps de fermer ce chapitre institutionnel pour se concentrer sur nos missions fondamentales : la recherche, la formation, la diffusion et la valorisation des savoirs.
Les statuts de PSL ont été le fruit d’un long travail collégial mené avec des représentants élus des différents Conseils d’administration des établissements de PSL et de la ComuE PSL, les chefs d’établissement et les tutelles. Ils ont été votés à de larges majorités, sinon à l’unanimité, par l’ensemble des instances compétentes dans les établissements en 2019. Ils avaient par ailleurs été appliqués en avance de phase avec l’accord de la tutelle. Nous disposons désormais de suffisamment de retour d’expérience sur eux pour pouvoir effectuer cette demande.
Plus généralement, pourquoi attendre alors que nous sommes prêts ? Notre modèle est clair à l’international, il est partagé par les communautés, il fonctionne. Sauf à vouloir remettre en cause le processus même des Initiatives d’Excellence en attendant une nouvelle loi, il n’est pas raisonnable de faire durer l’expérimentation. Jusqu’à l’ordonnance de 2018, PSL a dû sans cesse s’adapter à un contexte législatif qui n’était pas favorable à son modèle. Ce n’est pas lorsque ce contexte s’adapte enfin à notre modèle qu’il faut attendre.
PSL : Quelles sont les différentes étapes ?
Alain Fuchs : Le processus se déroule en cinq étapes. Dans un premier temps, le conseil d’administration autorise son président à demander la sortie de l’EPE à la tutelle. Cette dernière juge alors de l’opportunité de demander une évaluation au Haut Conseil de l’enseignement supérieur et de la recherche (Hcéres). Si cette autorité administrative indépendante est saisie, elle dispose de six mois, à partir de la demande de l’établissement, pour rendre son évaluation. Après réception de ladite évaluation, l’établissement public expérimental a le choix de demander à sa tutelle soit de maintenir sa demande de sortie, soit de rester en phase d’expérimentation. Au final, l’Etat peut soit pérenniser les statuts, ce qui équivaut à une sortie de la phase expérimentale, soit demander la poursuite de l’expérimentation, soit arrêter l’expérimentation, ce qui, en première analyse, reviendrait à redevenir une ComUE. Le point a commencé à être abordé dans les différents conseils d’administration des établissements-composantes. Nous tiendrons les communautés informées des différentes étapes du processus.