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Du laboratoire à l’industrie : une passion pour connecter les disciplines

Son arrivée à l’Institut Pierre-Gilles de Gennes (IPGG), un institut reconnu pour ses approches transdisciplinaires, a marqué un tournant. « Nous avions publié un article sur le traitement de surface par plasma de canaux microfluidiques pour contrôler des emulsions simples/doubles. Quelques années plus tard, j’étais au cÅ“ur d’un écosystème où biologie, chimie et physique se croisent en permanence.» En 2019, il développe la plateforme Paris FlowTech, un espace dédié à la chimie en flux continu, une approche qui permet de réaliser des réactions chimiques de manière plus efficace et sécurisée. Contrairement aux méthodes traditionnelles où les réactions se font par étape dans un grand récipient, la chimie en flux continu fait circuler en permanence les substances dans de petits canaux, ce qui offre un meilleur contrôle des conditions de réaction, améliore les rendements et réduit les déchets. « Les chimistes organiciens et les experts en génie des procédés ne se parlaient pas beaucoup. Mon objectif a été de créer des ponts pour résoudre des défis complexes, et on l’a fait !.» 

Pour le chercheur, cette alliance des disciplines est essentielle : « Les meilleures avancées viennent souvent de rencontres inattendues. Par exemple, en observant une équipe de biologistes utiliser des champs magnétiques pour manipuler des particules ferromagnétiques, j’ai eu l’idée d’intégrer l’activation plasma dans des canaux microfluidiques pour mettre en œuvre des réactions chimiques. Ces interactions entre domaines scientifiques ouvrent la voie à de nouvelles approches et technologies. » En cela, l’écosystème PSL est un atout stratégique. « PSL ne se limite pas à fournir des moyens techniques ou financiers. C’est un catalyseur d’idées et d’opportunités.
L’accompagnement de PSL Valorisation et l’accès aux plateformes technologiques de l’IPGG ont été décisifs dans nos réussites. » Son engagement auprès des jeunes chercheurs reflète également cette vision. « Notre responsabilité, en tant que chercheurs expérimentés, est d’identifier les talents prometteurs et de les accompagner dans leur développement. Un environnement riche comme celui de PSL leur donne les moyens de concrétiser leurs ambitions. »

Plasmas et chimie verte, une révolution portée par PSL

Les recherches de Michael Tatoulian se concentrent sur les plasmas, ces gaz électriquement excités qui offrent des propriétés uniques pour la chimie. « Avec les plasmas, on peut réaliser des réactions chimiques sans catalyseurs, en conditions douces, ce qui réduit les déchets toxiques. C’est une approche bien plus verte que les procédés traditionnels. » Parmi ses projets phares figure Energo, une start-up cofondée en 2018 qui développe des réacteurs à plasma froid pour convertir le CO₂ en méthane et autres molécules d’intérêt industriel, offrant ainsi une approche bien plus verte que les procédés traditionnels pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Ces recherches ont également débouché sur un nouveau projet ambitieux : la start-up PlasChem, prévue pour 2025. « PlasChem exploitera nos premiers brevets déposés en 2015-2016, pour développer des réacteurs capables de produire des molécules d’intérêt industriel. L’objectif est de démontrer que les plasmas peuvent répondre à des défis industriels majeurs, tout en restant respectueux de l’environnement. »

Une triple casquette au service de l’innovation

Michael Tatoulian alterne entre trois rôles majeurs : professeur, directeur de l’Institut Carnot IPGG et entrepreneur. « Je me vois comme un équilibriste qui maintient plusieurs assiettes volantes par rotation sur des tiges. Il faut savoir s’entourer de bonnes équipes pour faire avancer les projets sans les laisser tomber. » Cette triple casquette lui permet de créer des passerelles entre le monde académique et l’industrie.

En tant que directeur de l’institut Carnot IPGG, il travaille à renforcer la synergie entre les équipes scientifiques et les entreprises partenaires. « L’IPGG est un espace unique où toutes les compétences nécessaires à l’innovation sont réunies sous un même toit : microfabrication, génie chimique, physique des plasmas, chimie organique, chimie analytique... Cette proximité facilite la collaboration et accélère le développement de nouvelles technologies. »

Son rôle entrepreneurial se reflète dans la création d’Energo. « Energo est la preuve qu’avec une bonne idée et un écosystème solide, il est possible de transformer des concepts scientifiques en solutions industrielles concrètes. »

Avec PlasChem, il espère franchir une nouvelle étape. L’objectif est ambitieux : produire des démonstrateurs industriels capables de transformer des volumes significatifs de molécules tout en restant économiquement viables. « Il ne s’agit pas seulement de faire de la science, mais aussi de créer des outils qui changeront le monde industriel. »
Alors qu’il prépare le lancement de PlasChem et l’élargissement des projets de l’IPGG, Michael Tatoulian reste fidèle à sa philosophie : explorer, associer, innover.