Partage des savoirs à PSL : structurer et apporter une dimension nouvelle à nos actions de médiation
Depuis septembre 2020, l’±«˛Ôľ±±ą±đ°ů˛őľ±łŮĂ© PSL a mis en place un groupe de travail « Partage des Savoirs ». Alors que ce groupe lance un appel Ă la crĂ©ation et Ă la participation Ă un rĂ©seau « Partage des Savoirs » auprès de l’ensemble de la communautĂ© de PSL, Olivier Dauchot, chercheur Ă l’ESPCI - PSL, directeur du et porteur du projet, en prĂ©sente les contours et les objectifs.
PSL : Comment est né le groupe de travail « Partage des Savoirs » ?
Olivier Dauchot : PSL ayant acquis un statut d’université à part entière, la question de sa relation à la société et la définition d’une stratégie en termes de partage des savoirs s’imposaient. L’obtention d’un soutien financier, suite à la réponse à l’appel d’offres Idées PSL One, a concrétisé ce besoin. Au nom du principe de subsidiarité, Alain Fuchs, président de PSL, a demandé à Vincent Croquette, directeur de l’ESPCI Paris - PSL de missionner un chercheur de l’école en vue d’élaborer cette stratégie. J’ai donc formé, début octobre 2020, un groupe de travail, composé de chercheuses et chercheurs, de représentants de la médiation et de la communication scientifique issus de tous les établissements de PSL, ainsi que de quelques représentants de la société civile. La première mission de ce groupe de travail était de recenser l’existant et de proposer les grandes lignes d’une stratégie pour PSL ainsi qu’une feuille de route pour les 10 ans à venir. Ces travaux ont été présentés et validés par l’ensemble des cheffes et chefs d’établissements de PSL. Le GT partage des savoirs peut désormais déployer pleinement son plan d’action.
PSL : Quelles sont les grandes lignes de la stratégie de PSL en termes de partage des savoirs ?
Olivier Dauchot : Située au cœur de Paris, PSL dispose a priori d’un large public, mais ce public, exigeant, est aussi fortement sollicité par d’autres offres de partage des savoirs de très bonne qualité et tout aussi bien situées : Muséum national d’histoire naturelle, Universcience, les autres universités parisiennes…
Dans ce paysage, nos traits distinctifs sont :
- La très large palette thĂ©matique et très grande transdisciplinaritĂ© Sciences naturelles, ±ő˛Ô˛µĂ©˛Ôľ±±đ°ůľ±±đ, Sciences Humaines et Sociales, Arts… de nos laboratoires et formations.
- L’interaction étroite et ancienne des établissements-composantes avec le monde socio-économique et culturel. Je pense en particulier aux réseaux des écoles d’ingénieurs, du Corps des Mines, des anciens de l’ENS - PSL, de Dauphine - PSL, du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique - PSL …
L’université est donc particulièrement bien placée pour :
- Promouvoir une médiation reposant sur la pleine utilisation de notre large palette disciplinaire pour offrir des points d’éclairage croisés sur les grands enjeux de société et ainsi aller au-delà de la transmission des connaissances dans un domaine scientifique donné.
- Compléter les actions de médiations destinées au grand public, aux scolaires et aux enseignants par des actions spécifiques destinées à des publics professionnels : associations, entrepreneurs, décideurs politiques, professionnels du monde de la culture…
PSL : Avec plus de 2 900 enseignantes/enseignants-chercheurs, 140 laboratoires et un grand nombre de doctorantes et doctorants toutes disciplines confondues, l’±«˛Ôľ±±ą±đ°ů˛őľ±łŮĂ© PSL est un vivier scientifique exceptionnel. Comment le groupe « Partage des savoirs » permettra-t-il de mobiliser cette force scientifique ? Quelle est votre feuille de route ?
J’étais loin d’imaginer que plus de 100 évènements de médiations scientifiques se déroulent à PSL tous les ans et que ceux-ci touchent un public de 150000 visiteurs, et 250000 personnes en ligne, sans compter les scolaires !
Olivier Dauchot : Notre feuille de route se veut à la fois ambitieuse et réaliste. Il s’agit de s’appuyer au maximum sur ce qui existe déjà , et qui est énorme. J’étais loin d’imaginer que plus de 100 évènements de médiations scientifiques se déroulent à PSL tous les ans et que ceux-ci touchent un public de 150000 visiteurs, et 250000 personnes en ligne, sans compter les scolaires !
Notre action s’organise selon trois grands axes :
- Structurer l’existant : Concrètement, notre première action structurante visera à constituer et animer un réseau Partage des Savoirs composé de tous les personnels concernés par le sujet. Ce réseau se veut un lieu d’échange d’information, un outil de veille de la recherche en train de se faire, de partage d’expérience, d’exploration, d’élaboration de projets collaboratifs. Dans un second temps, nous catalyserons l’accès aux multiples ressources présentes au sein de PSL : compétences, espaces, collections, moyens de captation … Enfin il faut dès à présent penser l’intégration du partage des savoirs dans la recherche et la formation, car c’est bien là que se trouvent ses acteurs principaux : chercheurs et étudiants.
- Accroître visibilité et lisibilité : chaque année, un fil conducteur émergera des échanges au sein du réseau, autour duquel les initiatives spontanées de partage des savoirs pourront s’organiser, se relayer, se complémenter. Ceci permettra notamment de penser les évènements de partage des savoirs dans la durée, de mieux les anticiper, donc de mieux les mettre en valeur, par exemple en les relayant sur les plateformes de diffusion de PSL, que sont , , les chaînes YouTube de certains établissements, mais aussi auprès des médias.
- Innover en matière d’interactions Science-Société : l’objectif est d’accroître la porosité entre le monde de la recherche et la société afin de restaurer une confiance mutuelle mise à mal. Pour ce faire, nous souhaitons d’une part mettre en place un programme ambitieux de recherche participative multi-acteurs science-société, d’autre part créer un événement bisannuel Recherche - Action Publique – Mondes Économique et Social original en alternance avec l’événementiel grand public de la Nuit Sciences et Lettres.
PSL : Quels seront les prochains temps forts du partage des savoirs Ă PSL ?
Olivier Dauchot : Avant toute chose le lancement du réseau partage des Savoirs, qui se déroulera en ligne le 25 mai, de 14h à 17h, en trois parties : après une très rapide information, nous inviterons les participants à partir à la découverte de quelques-unes des initiatives de partage des savoirs présentes à PSL, avant de les inciter à imaginer la Fête de la Science dont ils ont toujours rêvé.
Car cette année, ce sont les et nous avons bien l’intention d’en profiter pour offrir à nos publics de formidables rencontres, qui lui permettent de découvrir la diversité des recherches menées à PSL et comment celles-ci contribuent à éclairer les enjeux du monde de demain.
Enfin, au-delà de ces évènements, nous pensons déjà aux premiers appels à manifestation d’intérêt pour la création de programmes de sciences participatives ; car le partage des savoirs ne se résume pas à quelques évènements, c’est une démarche quotidienne.
PSL : Dans le contexte de l’émergence des fake news et face aux grands enjeux sociétaux actuels, le lien entre recherche et société est au cœur des préoccupations. Comment les scientifiques peuvent-ils, selon vous, partager leur savoir au plus grand nombre ? Et comment le groupe de travail partage des savoirs accompagnera-t-il cet élan au sein de PSL ?
« Un plan de formation aux pratiques de médiations devrait être mis en place via l’Ecole Interne ou des formations pour les étudiants »
Olivier Dauchot : Le indique une claire prise de conscience de l’enjeu démocratique que représente le lien entre science et société. Pour relever le défi que cela représente, il faut aller au-delà du partage unidirectionnel du savoir que sous-tend votre question. Il s’agit de rétablir un dialogue. Le questionnement des citoyens, mais aussi leurs savoirs – aujourd’hui beaucoup d’informations sont accessibles et certaines associations développent une véritable expertise, dont la portée surprendra plus d’un chercheur – sont une ressource qu’ils peuvent et souhaitent le plus souvent eux-aussi partager avec les chercheurs.
Ce dialogue ne peut s’établir sans la mise en œuvre de diverses formes de médiations. Il est nécessaire d’accorder certains vocabulaires, certains points de vue. Tout ceci prend du temps et nécessite un véritable savoir-faire. Il faut donc professionnaliser nos actions de partage des savoirs en s’appuyant sur des expertises reconnues, en s’adossant à des partenaires tels qu’Universcience ou l’association Traces, qui anime depuis plusieurs années l’, parmi d’autres. N’oublions pas non plus nos chercheurs, dont l’objet des recherches est précisément celui de la médiation et du partage des savoirs.
Une des actions du groupe de travail visera à mettre en place un plan de formation à ces pratiques de médiations, que ce soit pour les chercheurs, au travers de l’École Interne, ou pour les étudiants, en l’insérant dans leur cursus.
PSL : Vous avez participé à plusieurs reprises à des événements de vulgarisation scientifique. Quel en est votre plus beau souvenir ?
Olivier Dauchot : Un premier très beau souvenir remonte à 2004. Cette année-là , m’a offert l’opportunité d’illustrer le thème du Chaos en réalisant une . Mes échanges avec le public furent très riches. Mais plus encore, ce sont ceux avec le fontainier des jardins du domaine : un partage des savoirs réciproque en vue d’une création commune.
Un autre souvenir, beaucoup plus récent, est celui de l’expérience menée avec « » un dispositif élaboré dans le cadre du groupe de recherche Reflective Interaction d’EnsadLab, laboratoire de l’École des arts décoratifs de Paris (EnsAD), présentée au Centre Georges Pompidou, en marge de l’exposition « La Fabrique du vivant ». Librement inspirée des leçons d’anatomie Dissect propose à un groupe de chercheur d’analyser et de débattre d’œuvres contemporaines d’art et de design manipulées sur une table dans une scénographie interactive originale. Désormais, il ne s’agit plus de disserter sur les choses, mais de les disséquer dans un dispositif public commun. Ici, c’est la rencontre avec les autres chercheurs impliqués dans le dispositif, temps de partage avec d’autres scientifiques de disciplines complètement différentes de la mienne qui a constitué un moment de partage privilégié, le public jouant le rôle d’un miroir à nos propres interrogations.
PSL : En quelques mots pour conclure, quel serait votre message à la communauté scientifique de PSL ?
Olivier Dauchot : Rendez-vous le 25 mai pour le kick-off du réseau Partage des Savoirs ! Trop souvent l’implication des chercheurs dans les actions de médiation n’est pas valorisée. C’est ensemble que nous pourrons donner une dimension nouvelle, de portée institutionnelle, à nos actions de partage des savoirs. Cette condition nécessaire au maintien de notre motivation est la clé du succès d’un dialogue science-société apaisé et constructif.
Kick-off : Quel partage des savoirs Ă PSL ?
Enjeux, perspectives, mise en oeuvre
Mardi 25 mai 2021 - 14h Ă 17h