Quelle intégration des enjeux environnementaux dans les enseignements ? Retour d’expérience sur l’un des ateliers U7
PSL : Vous avez participé à l'atelier U7+ le 29 juin dernier sur « la promotion de l'accès pour tous les étudiants à des cours sur le climat, la biodiversité et le développement durable ». En quelques mots que retenez-vous de cette expérience ?
Esther Loiseleur : J'ai pu intervenir lors d'un panel en tant qu'étudiante à l'ENS-PSL et présidente des Jeunes Ambassadeurs pour le climat, aux côtés d'enseignants et chercheurs de plusieurs universités européennes (université d’Édimbourg, université de Milan). Nous avons échangé sur la question de l'intégration des enjeux environnementaux dans les programmes du supérieur, en se demandant s'il fallait favoriser une approche volontariste, ou une approche contrainte. Il en ressort pour moi que la meilleure solution pour répondre aux besoins des étudiants serait une sorte d'hybride, combinant un tronc commun de base obligatoire permettant de relier enjeux climatiques, biodiversité et sociétés à travers des notions-clés comme l'anthropocène, puis des heures de spécialisation optionnelles, permettant à chacun-e de bâtir ses propres compétences en fonction de ses centres d'intérêt (ingénierie, philosophie, architecture, histoire, biologie...).
PSL : Vous êtes présidente des Jeunes Ambassadeurs pour le Climat (JAC). Parmi les conclusions de l'atelier, certaines vous ont-elles particulièrement marquée ? Pensez-vous pouvoir vous en inspirer dans vos prochaines actions ?
Esther Loiseleur : Avec les JAC, nous participons aux grands événements internationaux sur l'environnement (les COPs climat et les Conventions sur la Diversité Biologique, leur équivalent pour la biodiversité) et nous proposons des ateliers de formation par les pairs et des conférences, afin de permettre à chacun - jeune ou moins jeune - de s'emparer de ces enjeux et de devenir acteur, à son échelle, de la transition. Nous réfléchissons donc beaucoup à la question de l'intégration de ces derniers dans les programmes du supérieur et de la montée en compétences des étudiant-es. Je pense que ce panel m'a montré que les universités étaient preneuses de réflexions sur ces questions, y compris en dehors de la France, ce qui est très bon signe. J'en retiens aussi que des approches volontaristes, si elles se combinaient avec des cours de tronc commun obligatoires, pourraient avoir un impact décuplé.
PSL : Le partage avec des universités internationales offre-t-il de nouvelles perspectives ? Y a-t-il une expérience à l'international de formation aux ODD qui vous a particulièrement marquée et que vous aimeriez voir se développer à PSL ?
Esther Loiseleur : J'ai trouvé que nos réflexions étaient étrangement proches, au contraire, et les interventions des autres panelistes montraient qu'il existe beaucoup de lignes communes avec ce qui se fait déjà en France ou dans PSL. Le projet de tronc commun anthropocène porté par PSL, et qui sera proposé aux étudiant-es dès la rentrée prochaine, est à mon sens une idée forte qui a marqué le débat. J'ai aussi apprécié l'idée de l'université de Milan de classifier les cours en fonction des objectifs de développement durable (ODD), afin d'apporter plus de clarté sur la contribution de chaque module à leur développement. Un accroissement de l'offre de cours orientés vers les ODD, et surtout une meilleure labellisation de ce qui existe déjà afin de gagner en visibilité, sont des éléments-clés pour faciliter les choix des étudiant-es en matière de cours. Car la demande étudiante est là !
PSL : En tant qu'étudiante engagée et bientôt jeune active, comment voyez-vous l'évolution de la formation sur les ODD dans les années futures ?
Esther Loiseleur : Je vois la formation sur les ODD évoluer vers quelque chose d'assez systémique : j'espère, en tout cas, que ces approches holistiques/systémiques continueront à se développer, car elles sont à mon sens bien plus riches que des approches en silo. Dans l'idée, il s'agit de montrer les liens entre les disciplines, les sphères du réel, et leur complexité - au sens où elles sont liées - plutôt que de les traiter séparément, avec d'un côté des cours de biologie sur les systèmes écologiques, de l'autre des cours d'économie sur le traitement de la pauvreté, et aucun lien entre les deux par exemple, alors qu'il en existe de nombreux (justice environnementale et accès aux ressources, agroécologie, restauration des écosystèmes par les populations locales....). Il faut réapprendre à penser les choses ensemble, comme un tout interdépendant. Il est également possible que la notion de « développement durable », critiquée par nombre de penseurs écologistes, notamment dans son approche « durabilité faible » (en opposition à une durabilité « forte »), devienne obsolète et change de terminologie.
L'Alliance U7+ est une alliance internationale de présidents d'université qui s'engagent dans des discussions et des actions concrètes à travers des engagements pour relever les défis du monde de demain. Il s’agit de la toute première alliance de présidents d’université visant à faire progresser leur rôle d’acteurs mondiaux dans un contexte multilatéral.
L’±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé PSL prend part à cette alliance à travers le principe 3 action 1 : « Promouvoir l’accès à tous les étudiants à des cours sur le climat, la biodiversité et le développement durable » et a organisé le 29 juin 2021 un atelier sur cette thématique avec l’±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé de Toronto et l’±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé d’Edimbourg et avec la participation d’Esther Loiseleur, étudiante à l’ENS - PSL et présidente des Jeunes Ambassadeurs pour le Climat (JAC).