Sciences pour un monde durable : former les générations futures aux enjeux d'un monde complexe
La première promotion « Sciences pour un monde durable » a fait sa rentrée en septembre 2020. Ce nouveau programme propose dès la licence une formation interdisciplinaire généraliste, alliant sciences de la nature, de la matière et de la vie, sciences économiques et sociales, et sciences humaines. À l’heure où les futures et futurs bacheliers mûrissent leurs vœux sur Parcoursup, l’équipe pédagogique et les étudiants reviennent sur les principaux enseignements de ce cursus sélectif inédit en France.
Interview croisée de : Coralie Chevallier, vice-présidente formation de PSL et directrice de Sciences pour un monde durable, directeur adjoint Sciences et enseignant-chercheur en biogéochimie à l'EPHE - PSL et , directrice adjointe Economie et sciences sociales, chercheuse en économie du développement à Dauphine - PSL et à l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement)
°Õé³¾´Ç¾±²µ²Ô²¹²µ±ðs de Sophie, Cyprian et ²Ñ²¹Ã¯³Ù±ð²Ô²¹, tous trois étudiants en première année.
PSL : La formation Sciences monde durable est unique en France. Pourquoi, selon vous, était-il important de créer une formation interdisciplinaire sur les enjeux du développement durable dès la Licence ?
Les défis économiques, sociaux, environnementaux du 21e siècle sont multiples et exigeront des acteurs de demain une capacité à résoudre des problèmes complexes.
Anne-Sophie Robilliard : En tant qu’enseignants, notre rôle est de former les générations futures aux enjeux de demain. Or, les défis économiques, sociaux, environnementaux du 21e siècle sont multiples et exigeront des acteurs de demain qu’ils acquièrent les compétences pour résoudre des problèmes complexes de notre monde. Le réchauffement climatique, la dégradation de la biodiversité ou l’augmentation des inégalités - pour n’en citer que quelques-uns - sont des problématiques intrinsèquement interdisciplinaires qui, pour être comprises, nécessitent une approche globale. Pour donner un exemple simple, on voit mal comment résoudre le problème de la dégradation de la biodiversité sans faire appel à la fois à l’écologie (science qui permet de mesurer la biodiversité et de comprendre la dynamique des écosystèmes) et aux sciences sociales qui permettent d’appréhender les comportements des individus et des organisations, qu’elles soient publiques ou privées. Au sein de la formation Sciences monde durable, nous formons les étudiants à cette complexité dès la licence et cela me semble essentiel !
Thomas Thiebault : En complément de la nécessaire interdisciplinarité évoquée par Anne-Sophie, la formation Sciences monde durable vient combler un manque. S’il existe à l’échelle internationale des formations connectées aux objectifs de développement durable et s’appuyant sur des contenus théoriques importants, aucune n’existait jusqu’en septembre dernier dans le paysage universitaire français. Pour éviter toute méprise, il convient de rappeler un principe simple : Sciences pour un monde durable n’a pas vocation à former des « militants », mais à fournir un bagage scientifique complet à des personnes curieuses, ouvertes et engagées, en s’appuyant sur les recherches en cours dans les laboratoires.. Cela leur permettra à la fois de s’ouvrir de nombreuses portes pour leurs poursuites d’études et leur insertion professionnelle, mais également d’être des acteurs éclairés des transitions, quel que soit leur parcours futur.
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Pourquoi avoir rejoint la formation ?
- Cyprian : Quand j’ai découvert Sciences pour un monde durable sur Parcoursup, c’était pour moi une formation moderne centrée sur les enjeux actuels et je ne me voyais pas faire autre chose qu’une formation interdisciplinaire. Je ne voulais pas choisir entre les disciplines scientifiques et littéraires et, surtout, je voulais me donner toutes les chances de comprendre le monde. À l’heure où nous sommes abreuvés d’informations de qualités inégales, il me semble évident que seules des études interdisciplinaires sont à même de fournir des outils et un cadre réflexif pour la vie.
- Maitena : J'ai avant tout cherché une licence qui m'intéresserait et permettrait de m’épanouir. SMD, en étant interdisciplinaire et consacrée au développement durable, me semblait être une formation extrêmement intéressante pour m'enrichir et prendre le temps de découvrir plusieurs domaines avant de me spécialiser. Je suis certaine, quelle que soit la suite de mes études, que le fait d’avoir obtenu une licence interdisciplinaire m'apportera énormément, notamment pour comprendre les autres acteurs que je pourrais être amenée à rencontrer.
PSL : Le cursus SMD repose sur des cours et des enseignements en mode projets dès la première année. Pourriez-vous donner quelques exemples ?
Chaque semaine, les étudiants voient un tuteur qui vérifie leur progression et les guide dans le choix des modules suivants. C’est du sur-mesure !
Coralie Chevallier : Les travaux en mode projets sont un excellent moyen de personnaliser les enseignements et ainsi de permettre à chacune et chacun de tirer le maximum des cours, quel que soit leur niveau de départ. Les outils numériques sont particulièrement intéressants à cet égard. Par exemple, le cours de programmation a lieu sur une plateforme, Datacamp, qui permet aux étudiants d’avancer au rythme qui convient le mieux à leurs compétences préalables. Les étudiants qui souhaitent avancer très vite ont la possibilité de le faire, ceux qui trouvent la programmation plus difficile peuvent prendre davantage leur temps : l’essentiel est d’avancer et de prendre confiance en soi ! Chaque semaine, les étudiants voient un tuteur qui vérifie leur progression et les guide dans le choix des modules suivants. C’est du sur-mesure !
Thomas Thiebault : Les enseignements en mode projets sont également un bon moyen d’amener les étudiantes et étudiants à appréhender par eux-mêmes la complexité des enjeux des transitions actuelles et à contextualiser leurs savoirs théoriques. Nous appliquons cette approche aux enseignements disciplinaires, avec des travaux en groupe suivis de restitutions, et dans le module « Projet interdisciplinaire », qui bénéficie d’un volume horaire conséquent au deuxième semestre. De façon concrète, un groupe d’étudiants s’empare d’un sujet de recherche actuel et s’exerce à le résoudre en croisant les apports respectifs de différentes disciplines. Chaque groupe est guidé par une équipe d’encadrement pluridisciplinaire.
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Quel(s) projet(s) d’étude vous a particulièrement plu ?
- Sophie : Nous avons présenté un travail de groupe en anglais. Il consistait à décrire notre ville idéale sous tous les angles : systèmes politique, économique, environnemental, éducatif, culturel… Cela a été très enrichissant de réfléchir sur tous ces thèmes et de voir à quel point chaque groupe avait de bonnes idées. Travailler ensemble nous a aussi permis d’interagir et de partager nos connaissances, ce qui est essentiel pour envisager de telles problématiques. Très bientôt, nous allons commencer un projet interdisciplinaire consistant à faire une enquête de terrain en groupe de 6 ou 7 sur des thèmes comme la biodiversité en ville, la pollution atmosphérique, les irradiations solaires dans l’aviation ou encore l’eau dans l’agriculture. C’est un projet comprenant sciences sociales et scientifiques et nous allons être encadrés par des enseignants directement acteurs dans cette filière. J’ai hâte de commencer !
PSL : Si le cursus SMD est inédit en France, il existe des équivalents à l’étranger. Quels seront les liens avec ces licences internationales ? Des stages à l’étranger sont-ils envisagés ?
Coralie Chevallier : Le dernier semestre de la licence a lieu à l’étranger. C’est l’occasion pour les étudiants de faire un vrai stage d’immersion dans un laboratoire de recherche. PSL dispose de partenariats internationaux sur lesquels la formation peut s’appuyer pour proposer un catalogue de stages aux étudiants. Par exemple, l’ENS - PSL est fortement impliquée dans l’UMI I-Globes en Arizona, qui propose notamment de modéliser l'évolution adaptative des systèmes vivants ou encore les questions de coopération et de conflits pour la gestion de l’eau dans les zones arides.
PSL : Quelles sont les spécialités du nouveau bac recommandées pour être admise/admis dans cette formation ? Auriez-vous un conseil à adresser aux futurs candidates/candidats ?
Il est important de disposer d’une certaine appétence pour l’apprentissage scientifique.
Thomas Thiebault : La formation s’appuie sur un corpus exigeant en mathématiques. Il est ainsi important que les candidates et candidats disposent d’une certaine appétence pour l’apprentissage scientifique. Cela ne les empêchera pas, bien au contraire, de développer, au cours des trois années de formation, leurs connaissances dans d’autres disciplines telles que les sciences économiques et sociales par exemple.
Anne-Sophie Robilliard : Lors de la sélection des dossiers, au-delà des critères académiques, nous recherchons également des profils œuvrant, ou souhaitant œuvrer, aux transitions en cours. Les engagements étudiants sont donc valorisés lors de cette étape. De même, un esprit curieux et ouvert sur les problématiques du monde moderne est une qualité importante pour intégrer le cursus. Je conseille ainsi vivement aux candidates et candidats de mettre en valeur ces qualités dans leurs dossiers.
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Quels conseils donnez-vous aux futurs candidates/candidats ?
- Sophie : Montrer au maximum votre enthousiasme, votre engagement ou encore vos expériences linguistiques dans votre lettre de motivation. Mettez aussi en avant votre méthodologie de travail (organisation, endurance, capacité de réflexion…) par exemple, mais le plus important : soyez sincère et soyez vous-même ! Cette licence est certes sélective, mais si vous avez un profil travailleur et si vous souhaitez vous mobiliser dans une filière pluridisciplinaire, osez candidater, car c’est en osant que de grandes choses arrivent !
- Cyprian : Faites ce que vous aimez faire, c’est ce qui est le plus important ! Si vous aimez réfléchir, travailler, approfondir vos connaissances et découvrir de nouvelles choses, je vous conseille vivement la formation SMD. Comme le groupe est restreint (une trentaine), on se connaît bien, il y a une bonne ambiance de promo et on forme une équipe soudée, tout en restant ouvert à de nouvelles rencontres !
- ²Ñ²¹Ã¯tena : N’hésitez pas à mettre en avant vos engagements et vos qualités pour intégrer cette formation. L'objectif de Parcoursup est justement de permettre de créer des « rencontres » entre les formations et les étudiants afin d’éviter des erreurs d’orientation, profitez-en ! A cela j'ajouterais simplement, comme Sophie : soyez honnête sur vos doutes et hésitations, particulièrement à l'entretien (qu'il faut vraiment voir comme un échange).
Procédure de recrutement sur dossier et entretien via
Date limite pour formuler ses voeux : 9 mars 2023