Solidaire, responsable et engagé, l’entrepreneuriat étudiant en période de confinement
L’±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé PSL accueille, encourage et accompagne, via le programme ±Ê³§³¢-±Êé±è¾±³Ù±ð, une centaine de projets d’entrepreneuriats-étudiants chaque année. A l’annonce du confinement, du jour au lendemain, ces jeunes entreprises, quel que soit leur degré de maturité, ont vu leur modèle économique complètement chamboulé. Initiatives solidaires, mise en place du télétravail, réorientation de l’activité… quatre jeunes entrepreneuses et entrepreneurs reviennent sur leur période de confinement.
Interview de :
- Antoine Moulin, co-fondateur de , un service d’envoi de nouvelles entre petits-enfants et grands-parents
- Clothilde Perez, fondatrice de , solution personnalisée de transition écologique.
- Hang Chen, fondateur de , site comparateur de fournisseurs d‘énergie 2.0
- Fati Mrani, CEO d’, cantine 2.0 sociale et éco-responsable pour les PME (projet accompagné par ±Ê³§³¢-±Êé±è¾±³Ù±ð en 2016 - 2017)
PSL : Comment avez-vous vécu l’annonce du confinement ?
L’objet de notre entreprise est de lutter contre l’isolement, on n’allait pas rester les bras ballants ! Aussi, on a décidé de rendre notre service gratuit pendant toute la durée du confinement.
Antoine Moulin : est une solution pour donner des nouvelles entre générations, autant dire que pour nous le confinement a débuté avec la fermeture des EPHAD, soit une semaine avant tout le monde. On l’a vécu comme les autres, il a fallu se réorganiser, trouver nos marques… Très vite on s’est surtout demandé ce qu’on pouvait faire pour aider. L’objet de notre entreprise est de lutter contre l’isolement, on n’allait pas rester les bras ballants ! Aussi, on a décidé de rendre notre service gratuit pendant toute la durée du confinement. A rebours de toute la tendance économique, cette période a correspondu, pour nous, à un boom. On est passé de 1 000 familles abonnées à 4 000 nouvelles inscriptions et pour chacune nous avons réalisé un envoi offert !
Fati Mrani : Pour ma part, comme beaucoup, j’ai été surprise. livre des repas préparés par des chefs à des salariés dans des entreprises, j’avais connaissance des rumeurs sur un confinement, mais je pensais très honnêtement être en mesure de faire fonctionner le service malgré tout. Le 16 mars nous avons réalisé seulement 3% du chiffre d’affaires habituel et on a eu plus de 1000€ d’invendus. Il m’a fallu fermer, mettre les neufs salariés au chômage partiel et surtout réfléchir à la suite. Ça a été une décision difficile, mais cela m’a aussi poussée à traiter des sujets de fonds. J’ai mis ce temps à profit pour préparer une nouvelle offre commerciale à destination des particuliers. Un secteur que je ne pensais absolument pas être mesure de toucher tout de suite.
J'ai été confronté au confinement dès janvier à l’occasion d’un voyage en Chine en janvier. A mon retour sur le sol français je me suis à nouveau confiné pendant 14 jours. Cette expérience m’a permis d’anticiper
Hang Chen : Ma situation est différente. J'ai été confronté au confinement dès janvier à l’occasion d’un voyage en Chine en janvier. A mon retour sur le sol français je me suis à nouveau confiné pendant 14 jours. Cette expérience m’a permis d’anticiper. J’ai suspendu les recrutements en cours et commencé à étudier la trésorerie avec mon tuteur Jean pour éviter les risques. L'onboarding avec le télétravail est très difficile, mais nous avons su en discuter et trouver des moyens à mettre en place. Par précaution et pour la sécurité de nos collaborateurs, j’ai également acheté à l’avance une grande quantité de masques pour .
Clothilde Perez : Quelques jours avant l’annonce du confinement, voyant que de nombreuses entreprises prenaient des mesures, nous avons décidé de mettre toute l’équipe en télétravail et de quitter le PSL-Lab en emportant les affaires dont nous avions le plus besoin. Nous nous sommes assurés que chaque membre de l’équipe était dans de bonnes conditions de travail, y compris nos futurs stagiaires. Le lundi 16 mars, avant l’annonce officielle du confinement, j’ai quitté mon petit studio étudiant de 16 m² pour me confiner dans le Pays Basque avec 4 amis. Nous avons installé un véritable espace de coworking. Le télétravail s’est très bien passé, nous avons collaboré facilement grâce à Zoom, Slack, Google drive, Trello… D’ailleurs, fait original pour la période, les effectifs de l’équipe de Koya sont passés de 1 à 9 personnes entre fin janvier et maintenant. 4 personnes ont rejoint l’aventure pendant le confinement : 3 stagiaires et un designer graphique. Comme quoi, Internet permet des choses extraordinaires dans ces conditions !
PSL : Avez-vous du réorienter votre activité ?
Avec l’ensemble de mon équipe au chômage partiel, je me suis retrouvée seule. J’ai eu l’impression de redémarrer une start-up, c’était une sensation étrange !
Fati Mrani : Avec l’ensemble de mon équipe au chômage partiel, je me suis retrouvée seule. J’ai eu l’impression de redémarrer une start-up, c’était une sensation étrange ! Ceci étant, je voulais faire quelque chose, et j’avais la sensation très claire qu’en tant qu’entreprise du secteur alimentaire, Avekapeti pouvait être utile. J’étais également inquiète pour nos chefs. Ils sont auto-entrepreneurs et n’ont pas pu bénéficier des mesures de chômage partiel comme les salariés. Nous les avons aidés à obtenir la prime de 1500€, ce qui était très utile, mais pas suffisant pour certains. Grâce à mon réseau, j’ai été mise en relation avec l’association qui livrait aux hôpitaux repas, matériel… Lancée pendant le confinement par plusieurs entrepreneurs à succès, l’association a récolté plus de 4 millions d’euros. Surtout, elle était en contact avec les hôpitaux, et disposait de l’infrastructure logistique nécessaire, c’était exactement ce qui me manquait ! J’ai fait le tour des chefs pour identifier ceux qui seraient intéressés de cuisiner des repas même à coût réduit, et presque tous ont répondu positivement ! Nous avons livré entre 800 et 1000 repas par jour. Les chefs ont ainsi conservé une petite activité et surtout nous avons pu nous rendre collectivement utiles dans cette période si particulière.
Antoine Moulin : Oui et non… Parlapapi a été conçu pour les personnes âgées isolées qui ont des familles. Or, tout à coup, indépendamment de leur âge ou de leur activité, une grande partie des Français se sont retrouvés isolés. Tout comme Fati, nous avons décidé de pousser plus loin notre engagement en nous associant à deux initiatives solidaires nouvelles : et . Ainsi, les lettres adressées aux personnes isolées par "A nos plumes" ou les dessins des enfants récoltés par "Nos vieux" pour les personnes âgées ont été envoyés par le service Parlapapi. Grace, en partie, à une campagne de financement Ulule.
Clothilde Perez : Nous avons la chance de travailler principalement sur le développement d’un service digital, avec un très grand travail préliminaire à mettre en place avant de commercialiser. Notre lancement est prévu pour le mois de septembre, et qu’il s’agisse de R&D, de démarchage, de développement web ou encore de ressources humaines et matérielles, tout a pu se faire à distance. Nous avons cependant dû décaler l’envoi des contreparties de notre financement participatif et reporter le démarrage du test de notre solution d’avril à fin juin. Par ailleurs, comme Fati, nous avons profité du confinement pour développer d’autres aspects du projet, comme la communication. Nous avons lancé des séries spéciales confinement et écologie sur les .
Hang Chen : a été lancé en septembre dernier. Durant les 6 mois de travail qui ont précédé le confinement, la croissance était hyper rapide, nous sommes passés de 0 à 200k de CA et de 1 collaborateur au départ à 7 de collaborateurs sans lever de fonds. Heureusement, s’agissant d’une solution digitale sans téléconseillers, Deconseil, à la différence des autres sites de comparateurs, n’a pas eu à se séparer de son équipe ou à demander d'éventuelles périodes de chômage partiel. Notre croissance reste stable et nous avons même lancé notre nouveau site. Il comprend désormais des fonctionnalités d'analyses de données automatique pour les compteurs Linky à partir d’une simple facture d’électricité. Le tout a été développé par notre équipe pendant le confinement.
PSL : En tant que jeunes entrepreneuses/ entrepreneurs quelles ont été vos ressources pour faire face aux difficultés ?
Nous avons reçu directement des propositions d’aides et de bénévolat sur la boite mail Parlapapi. C’est vraiment gratifiant, cela nous a encouragé à poursuivre nos actions de solidarité.
Antoine Moulin : Le PSL-Lab était fermé mais l’équipe a continué à être super active et nous a envoyé de façon hebdomadaire des infos sur des appels à projets, des formations… hyper intéressants. Toute la communauté a continué à échanger via nos groupes What’s app, Slack… C’était rassurant de se sentir en collectif pour s’adapter à ce nouveau contexte. Nous avons également reçu directement des propositions d’aides et de bénévolat sur la boite mail Parlapapi. C’est vraiment gratifiant, cela nous a encouragé à poursuivre nos actions de solidarité. D’ailleurs, j’en profite pour les remercier toutes et tous car c’est grâce à eux si nous avons pu diffuser nos 4000 courriers.
Nous avons eu la chance de recevoir de nombreuses newsletters avec toutes les ressources à disposition des entreprises de l’ESS, de PSL Pépite, Makesense, Ticket For Change, le Moovjee, etc. Elles nous ont permis de nous sentir moins isolés, et de toujours faire partie de l’écosystème entrepreneurial.
Clothilde Perez : Nous avons profité de cette période pour participer à de nombreux appels à projets. Notre structure n’étant pas juridiquement existante (je n’ai qu’un statut d’auto-entrepreneuse), elle n’est pas éligible aux différentes aides de l’Etat ou des collectivités. Avec l’arrivée du Covid-19, les finales des concours pour lesquels nous étions en lice ont été décalées. Cela rend difficile la projection financière, mais nous avons choisi de faire sans, et de considérer cela uniquement comme des bonus. Nous avons eu la chance de recevoir de nombreuses newsletters avec toutes les ressources à disposition des entreprises de l’ESS, de PSL Pépite, Makesense, Ticket For Change, le Moovjee, etc. Celles-ci nous ont permis de répondre à certaines de nos interrogations, d’identifier des experts et de participer à des événements en ligne comme des ateliers, des sessions de questions/réponses, des sessions de rencontres entre entrepreneurs… Toutes ces ressources immatérielles nous ont permis de nous sentir moins isolés, et de toujours faire partie de l’écosystème entrepreneurial.
Hang Chen : Nous avons obtenu une subvention de la part de la BPI soit 30k euros. Cette aide est sans rapport avec le confinement mais elle nous a permis de développer notre nouveau site internet. Par ailleurs, l’équipe du PSL Lab a réagi de manière très rapide, efficace et nous a transmis beaucoup d’informations notamment concernant les demandes pour les prêts bancaires. Nous attendons une réponse, qui, je l’espère, ne devrait plus tarder.
Fati Mrani : Avekapeti s’est bien développée ces dernières années, et je me suis, logiquement, un peu éloignée des réseaux d’incubateurs. J’ai effectué une grande partie des démarches moi-même et j’ai pu m’appuyer sur quelques services pour certaines actions très techniques. Dans l’ensemble, je tiens vraiment à saluer les mesures gouvernementales comme le prêt garanti aux entreprises. La crise aurait pu avoir des conséquences très graves, et les dispositions prises m’ont vraiment permis de m’en sortir. Nos banques ont joué le jeu, nos business angels nous ont relayé des informations utiles. J’en suis très reconnaissante à tous les niveaux.
PSL : Que peut-on vous souhaiter pour cette reprise ?
Hang Chen : De bons résultats pour notre nouveau site web ! Par ailleurs, même si nous sommes en phase de déconfinement, il me semble important de rester sur nos gardes et anticiper en cas d’un nouveau plan de reconfinement.
Antoine Moulin : On peut souhaiter à tous et à toutes de pouvoir à nouveau rendre visite à ses proches, en toute sécurité. J’espère surtout, que cet élan de solidarité ne s’effondrera pas avec le retour à la vie normale.
Fati Mrani : Que la livraison à domicile fonctionne ! On fait un gros pari sur l’avenir et on lance une nouvelle offre commerciale à destination des personnes en télétravail. Entre le travail et la vie domestique, chacun a beaucoup à faire, nous proposons un système de livraison de repas préparés par les chefs pour toute la semaine.
Clothilde Perez : D’avoir de bons retours sur nos contreparties et nos tests ! Nous avons travaillé dur pendant tout le confinement pour les développer au mieux, nous préparons tout cela pour que nos futurs clients puissent enfin découvrir notre solution et nous avons hâte d’avoir leurs avis !
Le dispositif d’accompagnent des étudiants entrepreneurs proposé par ±Ê³§³¢-±Êé±è¾±³Ù±ð
est dédié à l’ensemble des étudiantes, étudiants ou jeunes alumni de PSL portant un projet de création d'entreprise, ou tout simplement animés par l'envie d'entreprendre. Il vise à donner à ces étudiants les compétences, les services et l’accompagnement dont ils ont besoin pour réaliser leur projet.
L’espace de coworking offre aux étudiants entrepreneurs un espace encourageant les échanges et favorisant les interactions entre équipes-projets et entre jeunes entrepreneurs issus des différents établissements de PSL. Il met à leur disposition un ensemble de ressources et d’outils dédiés à la réussite de leur projet.
Les candidatures pour la rentrée 2020 sont ouvertes jusqu’au 31 mai 2020