Programme Mentorat Femmes et Sciences PSL : un dispositif d’échange et d’accompagnement destiné aux doctorantes de l’²ÝÁñÂÛ̳
Il y a tout juste un an, un collectif de chercheuses et chercheurs de l’Observatoire de Paris – PSL et de l’École Pratique des Hautes Études – PSL lançait le programme de mentorat Femmes & Sciences PSL. L’objectif ? Encourager des doctorantes de PSL dans le développement de leurs carrières et réduire les inégalités. Entretiens individuels, ateliers, formations, tables-rondes… un accompagnement avec de nombreux temps d’échanges privilégiés, axés aussi bien sur des défis professionnels que personnels.
Entre retours d’expérience et projets futurs, rencontre avec deux membres du comité de pilotage du programme, Rhita-Maria Ouazzani, astronome-adjointe au Laboratoire d’Étude Spatiale et d’Instrumentation en Astrophysique (LESIA) de l’Observatoire de Paris - PSL et Sophie Thenet, directrice d’études à l’École Pratique des Hautes Études - PSL et Mathilde Mâlin, doctorante mentorée 2022 au LESIA.
Il y a un peu plus d’un an, vous lanciez avec des collègues le programme de mentorat Femmes et Sciences PSL. À qui s’adresse-t-il ?
Rhita-Maria Ouazzani : Le programme de mentorat Femmes et Sciences PSL est destiné à toutes les étudiantes effectuant leur doctorat dans un établissement de l’²ÝÁñÂÛ̳. Celui-ci se nomme Femmes et Sciences, mais ne se restreint pas uniquement aux disciplines scientifiques. Nous avons deux sections plus ou moins distinctes : la section sciences dures - que l’on désignerait en anglais par STEM - et la section sciences humaines et sociales.
La première année de mentorat a été principalement centrée autour de l’Observatoire de Paris – PSL et de l’École Pratique des Hautes Études - PSL, car les fondatrices et fondateurs du programme, pour la plupart membres de l’, venaient de ces deux établissements.
Depuis la rentrée 2023, ce programme de mentorat est désormais déployé dans plusieurs départements de l’École normale supérieure et des enseignantes-chercheuses de l’ENS-PSL ont également rejoint le comité de pilotage. Nous accueillons cependant volontiers des étudiantes venant d’autres établissements de PSL; nous avons par exemple des mentorées venant de l’ESPCI Paris - PSL et de Mines Paris - PSL.
La campagne d’inscription se déroule au mois d’octobre, que ce soit pour les doctorantes ou pour les mentores et mentors, pour l’année civile suivante. Mais les formulaires restent ouverts toute l’année, alors que toute personne intéressée pour 2024 n’hésite pas à nous contacter !
En 2022, nous avons pu accompagner 17 doctorantes : 5 en sciences humaines et sociales, 12 en sciences dures, avec une promotion parfaitement équilibrée entre les deux établissements.
Quel bilan pouvez-vous faire de cette première année de mentorat ?
Rhita-Maria Ouazzani : Pour la première année 2022, nous avons pu accompagner 17 doctorantes : 5 en sciences humaines et sociales, 12 en sciences dures, avec une promotion parfaitement équilibrée entre les deux établissements.
Chaque étudiante est accompagnée par une ou un mentor, à l’occasion d’entretiens individuels mensuels. Les mentores et mentors sont issus de PSL mais pas seulement, car toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.
Lancement du programme de mentorat Femmes et Sciences PSL
Comment s’organise ce programme de mentorat ?
Rhita-Maria Ouazzani : En plus des entretiens individuels, nous tenons chaque mois des réunions collectives autour d’une thématique différente. Il s’agit d’aborder les défis qui se présenteront aux doctorantes dans leur carrière professionnelle. Nous abordons aussi bien les défis personnels - l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, confiance en soi, prise de décision, prise de parole en public - que les défis professionnels : effectuer un post-doctorat à l’étranger, les perspectives de carrière, académique ou non, la préparation des concours de l’enseignement supérieur et de la recherche… Les modalités de ces rencontres peuvent varier. Il s’agit parfois de cercles de discussion, de formations dispensées par des intervenantes et intervenants extérieurs, ou encore de témoignages de docteures dans des carrières académiques, en tant qu’ingénieure ou chercheuse ou du secteur privé : industrie, ingénierie des données, édition, conseil...
« Dans tous ces rendez-vous, il y a toujours un fil rouge, qui est de se poser la question de leur expérience en tant que femmes. »
Dans tous ces rendez-vous, il y a toujours un fil rouge, qui est de se poser la question de leur expérience en tant que femmes. On peut considérer que cette première année a été une réussite. Il y a certainement des aspects à améliorer, sur lesquels nous travaillons aujourd’hui, mais il semble que les étudiantes étaient satisfaites du programme, et qu’elles en ont tiré de nombreux atouts.
Comment ce programme de mentorat est-il amené à se développer ?
Rhita-Maria Ouazzani : Cette année, le programme compte 42 binômes de mentorat, soit plus du double par rapport à 2022. L’une des principales nouveautés est que nous accueillons désormais des doctorantes qui ne sont pas francophones. Nous proposons à la fois un accompagnement personnalisé mais aussi des réunions collectives en anglais, ou dans les deux langues. Il est important pour nous de nous ouvrir à ces doctorantes étrangères, qui peuvent parfois rencontrer plus de difficultés. Nous aimerions également, à terme, être présentes dans tous les établissements de PSL.
Mais nous tenons à garder une taille humaine, c'est-à -dire ne pas aller beaucoup plus au-delà de 40 binômes. Les doctorantes doivent aussi pouvoir se retrouver entre elles et échanger facilement, malgré les domaines de recherche et les établissements différents, ce qui requiert de conserver une taille raisonnable.
Pour résumer, notre évolution se situe plus sur les aspects qualitatifs que quantitatifs, avec des formations au plus près des défis qui se présentent à nos étudiantes.
Elles participent au programme de mentorat Femmes & Sciences PSL
Mathilde Mâlin, doctorante mentorée du programme 2022
Doctorante en astrophysique au Laboratoire d’Étude Spatiale et d’Instrumentation en Astrophysique (LESIA) de l’Observatoire de Paris - PSL, Mathilde Mâlin a suivi le programme du Mentorat Femmes & Sciences pendant sa deuxième année de thèse.
« Grâce à ce programme, je suis plus familière avec le quotidien du métier de chercheuse et mieux préparée pour anticiper la poursuite de ma carrière. J’ai pu discuter avec des post-doctorantes de leur recherche d’emploi, mais aussi avec des docteures qui ont changé de domaine après leurs thèses. J’ai ainsi découvert différents parcours professionnels, qu’ils soient académiques ou dans le privé. Cela m’a aidé à identifier ce qui pourrait me plaire pour la suite de ma carrière, tout en bénéficiant des conseils avisés de chacun et chacune des intervenants.
L’opportunité de discuter avec d’autres doctorantes, effectuant leurs thèses dans des domaines différents du mien, a aussi été très enrichissante. Nous avons eu l’opportunité d’échanger sur nos diverses expériences, en créant un moment privilégié où nous pouvions nous confier librement sur nos craintes, nos réussites, et partager des conseils plus personnels.
Ces temps d’échanges permettent aussi de prendre conscience des biais et clichés présents envers les femmes dans les domaines scientifiques, et de les contrer. »
Sophie Thenet, membre du copil et mentore
Directrice d’études à l’École Pratique des Hautes Études - PSL (EPHE), Sophie Thenet y a réalisé toute sa carrière depuis sa thèse, après des études de biologie à l’Université Paris 7 (aujourd’hui Paris Cité). « Puisqu’on parle de mentorat, j’aimerais profiter de ce témoignage pour rendre hommage à ma première mentore, ma directrice de thèse, Monique Adolphe, disparue depuis peu. Monique était une femme inspirante, pionnière dans son domaine, et d’une profonde humanité. Elle m’a transmis sa fascination pour la biologie cellulaire en général et pour les modèles de culture cellulaire, qu’elle avait contribué à développer en France. »
Depuis 25 ans, ses recherches portent sur les processus d’adhésion cellulaire dans les cellules épithéliales, dans le contexte de la physiopathologie intestinale. Sophie Thenet travaille aujourd’hui au sein d’une équipe située au Centre de Recherche Saint-Antoine à Paris.
« La mise en place du programme de mentorat Femmes & Sciences PSL s’est faite dans un état d’esprit qui correspond en tous points à ce que j’apprécie dans un projet collectif : esprit d’équipe, dynamisme, enthousiasme, spontanéité, complémentarité, bienveillance.
Nous menons ce travail dans un cadre très libre car nous sommes toutes et tous - il y a un homme dans notre comité de pilotage - impliqués dans de multiples missions de recherche, d’enseignement et dans diverses responsabilités.
Il y a eu beaucoup à faire : organiser les rencontres pour former des binômes de mentorat, mettre en place et animer les différents ateliers de formation, et enfin préparer la deuxième année du programme qui vient de démarrer.
Les rencontres avec des collègues et des doctorantes de domaines aussi variés que l’histoire, l’archéologie, les sciences religieuses, l’astrophysique et l’astronomie, la biologie, les neurosciences ont été évidemment très enrichissantes et réjouissantes.
Une diversité essentielle, qui nous a amenés à discuter des problématiques universelles qui se posent dans les carrières scientifiques des femmes, au-delà des disciplines.
En tant que mentore, j’ai apprécié de pouvoir être d’emblée « sur le terrain » dans le cadre de ce programme. Je pense pouvoir dire que nous nous sommes vraiment bien entendues avec ma mentorée, qui réalisait sa thèse dans un domaine radicalement différent du mien : elle était astronome. J’espère lui avoir apporté autant qu’elle m’a apporté car à mon avis, le ou la mentore profite tout autant de ces échanges que la personne qu’elle accompagne ! »
Pour tout renseignement :
A partir de septembre 2023, cette formation sera proposée aux doctorantes et doctorants via Adum.