Intervenants à la conférence MSCA - Vitalba Crivello

Vitalba Crivello est experte en politique des sciences et en communication des sciences.

Avec une formation en droit international, économie et politique, communication et médias, Vitalba Crivello mène depuis plus de 15 ans des missions de gestion des politiques scientifiques, des projets et des communications à l'échelle européenne, tant auprès des institutions européennes que dans des cabinets de conseil.
Depuis 2018, elle participe activement à la mise en place et au développement d'un tout nouveau projet du Parlement européen - l'European (ESMH). L'ESMH a pour mission de promouvoir une communication scientifique de qualité, fondée sur la connaissance, en créant un réseau de décideurs politiques, de scientifiques et de médias actifs dans ce domaine, les professionnels de l'ESR (enseignement supérieur et recherche), les établissements d'ESR et les journalistes. Auparavant, Vitalba a travaillé à la Commission européenne, à l'occasion de missions sur la science ouverte, les carrières des chercheurs et d'autres questions connexes.

Dans la conférence MSCA 2022, elle interviendra lors du troisième atelier, consacré à réduire le décalage entre la recherche et les citoyens.

 


 

Interview éclair

Vitalba Crivello évoque ses travaux et sa participation à la conférence.

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ? Sur quoi porte votre travail en ce moment ?

J'ai suivi un cursus en économie et politique internationales et en communication. Je travaille dans le domaine de la politique scientifique et de la communication scientifique depuis 10 ans, exerçant différentes fonctions dans les institutions de l'UE.
En 2018, j'ai rejoint le , le projet du Panel pour l'avenir de la science et de la technologie (STOA) du Parlement européen visant à créer une plateforme pour les décideurs politiques, les scientifiques et les journalistes afin de mieux œuvrer ensemble à promouvoir des informations fondées sur des preuves et donc, une meilleure communication scientifique pour tous.
Le travail au sein du Hub/STOA est vraiment passionnant car il comporte des missions diverses, et mon rôle a quelque peu évolué au cours de la pandémie. Mes missions quotidiennes vont de la rédaction et de l'édition d'articles scientifiques, de notes d'orientation et d'autres contenus scientifiques à la gestion de programmes de recherche, en passant par l'organisation d'ateliers et de séminaires scientifiques pour les journalistes et d'autres publics, et le lancement de nouveaux projets pour développer le Hub (vidéos, veille des médias, etc.).
Je suis actuellement responsable de la gestion de deux événements de l' : l'atelier « Promouvoir la confiance dans la science pour combattre la désinformation Â», destiné aux journalistes (20 mai 2022 à Madrid), ainsi que l'école d'été de l'ESMH pour les jeunes communicateurs scientifiques : « Journalisme et changement climatique : comment bien raconter l'histoire ? Â» (du 7 au 11 juin, à Bruxelles). Ces activités visent à proposer aux journalistes scientifiques des modules de formation sur des sujets scientifiques d'une importance particulière, en leur proposant des espaces d'échanges avec des experts internationaux.
Enfin, le Hub vient de lancer un projet de veille sur les réseaux sociaux. Avec l'appui d'une société externe spécialisée dans l'analyse des médias, le Hub va émettre des rapports réguliers sur une sélection de sujets scientifiques qui circulent sur les réseaux sociaux. Je coordonne ce projet, qui vise à observer le dialogue en cours sur les plateformes sociales en ligne et à analyser et comprendre le discours public. Cette analyse nous permettra d'anticiper et de mieux cibler la communication sur certains thèmes particuliers.
 

Vous participez à la conférence dans le cadre de l'atelier sur le lien entre science et société ; quelle importance ce thème revêt-il à vos yeux ?

L'épidémie de coronavirus a suscité une forte méfiance envers le système de santé publique et elle a donné lieu à une recrudescence de rumeurs sur les différents aspects de la crise.

Les sciences et les nouvelles technologies sont au cœur de notre vie quotidienne. Chaque fois que nous, en tant que citoyens, nous nous appuyons sur des sources scientifiques, nous avons besoin de leur faire confiance ; or, cette confiance ne doit pas être aveugle, mais au contraire éclairée, fondée sur des preuves. La pandémie a montré l'importance cruciale de ce rapport à la science dans la société et elle a montré qu'il est nécessaire que le public soit mieux informé et qu'il prenne part au débat sur la science.
L'épidémie de coronavirus a suscité une forte méfiance envers le système de santé publique et elle a donné lieu à une recrudescence d'informations inexactes et de rumeurs sur les différents aspects de la crise : c'est ce que nous appelons « l'infodémie Â». L'European Science-Media Hub a vu dans cette situation à la fois un défi et l'occasion d'une action résolue et efficace.
L'ESMH est conscient de sa responsabilité d'aider le public à s'orienter dans cette diffusion massive d'informations et à trouver des réponses à ses questions dans des actualités scientifiques étayées par des preuves. L'ESMH a donc réagi à cette crise sanitaire en se tournant vers les « garants du savoir » - les scientifiques - en faisant appel à eux dans toutes nos publications régulières (articles scientifiques, interviews et événements).
La pandémie a montré toute l'importance que revêt la notion de « confiance Â» pour façonner certaines représentations scientifiques parmi différents segments de la société.
Le Hub poursuit son travail de recherche et de diffusion sur le lien entre la science et la société, avec des événements, des articles/interviews et des rapports consacré à ce thème, où participent des experts et des chercheurs spécialisés sur cette question.
 

Vous faites partie du projet Science Media Hub. En quoi ce projet est-il différent des autres projets de communication scientifique ?

Le projet ESMH est unique car se spécialise dans la communication scientifique en tant que telle et porte sur différents sujets scientifiques et technologiques, sous un angle convivial pour les citoyens. Il réunit les différents acteurs participant à la création du paysage de la « communication scientifique Â», en permettant aux scientifiques, aux créateurs de médias, aux décideurs politiques et aux citoyens d'entretenir un dialogue régulier sur des sujets scientifiques essentiels qui impactent notre société. Le Hub a pour objectif de sensibiliser le public aux développements scientifiques en cours et s'efforce de rayonner dans tous les pays de l'UE, en favorisant également le réseautage et le dialogue constructif parmi les acteurs des différentes facettes de l'UE. Le fait que le Hub fasse partie du Parlement européen marque sa volonté de s'adresser aux citoyens de l'UE, avec la participation des différents acteurs du savoir (scientifiques, créateurs de médias, décideurs politiques et le public). Ce dispositif se démarque nettement des autres projets de diffusion et d'information scientifiques, car ces derniers s'adressent en général à une communauté plus homogène d'acteurs en la matière.
En tant que jeune projet, le Hub est encore en développement et nous réfléchissons en ce moment notre orientation future, au regard aussi des besoins de la communauté de la recherche et de la communication scientifique. La communication scientifique doit évoluer au même rythme que la politique scientifique. Le projet de veille sur les réseaux sociaux n'est qu'un exemple de cette évolution, et d'autres projets en ce sens sont prévus, conformément à notre mandat initial : une meilleure communication scientifique pour tous !
 

Selon vous, la science peut-elle être totalement transparente au public ?

Un effort plus soutenu est nécessaire sur les sujets dont l'impact sociétal est fort, comme la santé, l'environnement...

Rendre la science totalement transparente pour le public est possible, mais il y a certains risques à ne pas négliger. La science étant le royaume des questionnements, je pense que le niveau d'acceptation de ce questionnement scientifique varie en fonction du niveau d'éducation dans les différents segments sociaux. La pandémie a clairement mis en lumière ce fait essentiel ; la crise relative au changement climatique est encore une illustration de la manière dont la science peut prêter à des interprétations et des approches « différentes Â».
Malheureusement, il existe un risque élevée de glisser dans le piège de la désinformation.
Les journalistes et les médiateurs scientifiques jouent un rôle essentiel, car ce questionnement permanent doit être communiqué au public. Aujourd'hui, les médias jouent un rôle beaucoup plus important que par le passé. Nous devons donc être particulièrement attentifs aux résultats scientifiques diffusés et de quelle manière ils le sont. Ce débat peut réellement prendre beaucoup de temps et trouver le juste équilibre pour rendre la « science plus transparente Â» à tous les niveaux de la société (et pas seulement aux élites) est l'un des grands enjeux de notre époque.
Je crois aussi que les sujets scientifiques ne sont pas tous identiques, et qu'un effort plus soutenu est nécessaire sur les sujets dont l'impact sociétal est fort, comme la santé, l'environnement...
Chaque « acteur Â» a un rôle essentiel à jouer pour contribuer à la construction de cet équilibre, mais sommes-nous tous prêts à le faire et comment ?
 

 

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