Intervenants à la conférence MSCA - Thomas Breda

Thomas Breda est professeur associé à l'École d'Économie de Paris, chargé de recherche au CNRS et directeur du programme "Travail" à l'Institut des politiques publiques.

Thomas Breda est diplômé de l' (ENS-PSL) et titulaire d'un doctorat à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Ses recherches sur l'économie du travail visent à développer de nouvelles stratégies pour mesurer les inégalités ou les discriminations ainsi que leurs causes sociales et structurelles. Il s'intéresse à trois types d'institutions, au sens large : les normes de genre, les dispositifs de syndication des travailleurs et la taxation sur le travail. Certaines de ses contributions originales portent sur les inégalités de genre et la syndication collective des salariés.
Ces travaux révèlent de nouvelles formes de discrimination, par exemple contre les représentants des syndicats dans des entreprises qui connaissent des litiges industriels, ou contre le genre se trouvant en supériorité démographique dans un champ universitaire donné. Ses recherches sont parues tant sous forme d'articles dans des revues internationales comme , et l' que sous forme de livres et d'articles en français.

Dans la conférence MSCA 2022, il interviendra lors du premier atelier, consacré à l'égalité des genres dans les sciences.

 


 

Interview éclair

Thomas Breda évoque ses travaux et sa participation à la conférence.

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ? Sur quoi porte votre travail en ce moment ?

Je suis économiste, je travaille sur les inégalités sur le marché du travail, en particulier sur les inégalités entre les sexes. Je travaille actuellement à la conception de nouveaux moyens pour mesurer les stéréotypes de genre à grande échelle en utilisant de grandes enquêtes disponibles dans plusieurs pays.
 

Vous participez à la conférence dans le cadre de l'atelier sur le lien entre science et société, quelle importance ce thème revêt-il à vos yeux ?

De manière générale, mes recherches s'intéressent à l'interaction entre les "forces du marché" (par exemple l'offre et la demande) et les institutions ou les normes sociales sur le marché du travail. Le genre est une dimension essentielle pour comprendre cette interaction. Il génère de grandes différences dans les carrières, les salaires, les types d'emplois... Ces différences conduisent presque toujours à des inégalités économiques objectives (les résultats sont meilleurs pour les hommes que pour les femmes), sans contrepartie claire en termes d'efficacité ou de performance économique.
 

L'un de vos principaux sujets de recherche est l'égalité des sexes. Selon vous, quel rôle jouent les entreprises et les centres de recherche dans cette problématique ?

Lorsqu'un article de recherche est rédigé conjointement par un homme et une femme, la femme obtient généralement moins de crédit pour la publication.

Les entreprises et les centres de recherche jouent bien sûr un rôle clé, rendre le lieu de travail plus inclusif et diversifié est une étape importante vers l'égalité des sexes. En ce qui concerne le milieu universitaire en particulier, de nombreuses études empiriques ont montré, entre autres, que les femmes ne sont pas systématiquement discriminées dans les carrières universitaires. Cependant, les chercheuses et chercheurs peuvent avoir divers types de préjugés qui peuvent rendre leur carrière plus difficile. Par exemple, il a été démontré que lorsqu'un article de recherche est rédigé conjointement par un homme et une femme (dans les domaines où l'ordre alphabétique est utilisé), la femme obtient généralement moins de crédit pour la publication. Cela révèle la façon dont les chercheurs ont tendance à évaluer la contribution des hommes et des femmes à un travail réalisé conjointement.  Il serait intéressant de créer des rapprochements entre les centres de recherche et leurs homologues spécialisés sur la question de l’égalité des genres. Ceux-ci pourraient fournir des informations objectives et impartiales que tous les chercheurs sont en mesure de traiter et de comprendre. Ils devraient utiliser les données existantes pour identifier les priorités. Par exemple, il est souvent utile de proposer (ou d'imposer) une formation sur la diversité et les préjugés sexistes.
 

Quel conseil pourriez-vous donner aux jeunes scientifiques MSCA qui sont confrontées à cette problématique dans leur carrière ?

Prendre conscience des défis et des problèmes existants est déjà un bon pas vers leur limitation ! J'encourage les scientifiques de MSCA, quel que soit leur sexe, à mieux comprendre l'inégalité entre les sexes dans le monde universitaire et ses causes possibles.

 

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